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EDITO Seuls contre tous ? Que nous enseignent les dizaines de millions de morts et bien plus de vies brisées, sacrifiées à l’autel du protectionnisme, cette idéologie érigée en modèle au début du 20e siècle ? Que le repli sur soi, traduit par l’érection de barrières douanières et le frein serré sur les migrations, n’a mené qu’à la guerre. Deux pour être précis. Nationalisme, fascisme, populisme en ont été les catalyseurs. Depuis 1945, le libre-échangisme a permis le développement d’une prospérité inégalée à ce jour. Dès la mise en œuvre du plan Marshall (celui du général, pas le wallon) jusqu’à l’émergence de la monnaie unique européenne, que de chemin parcouru ! Fautil rappeler le travail des pères de l’Europe ? Monnet, Schuman, Adenauer, Spinelli… Et chez nous Paul-Henri Spaak. De la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) à l’Union européenne, le chemin a été parsemé d’embûches et, avouons-le, d’échecs – le premier d’entre eux remontant à 1954 avec la communauté européenne de défense (CED). Et pourtant, cette période unique dans l’histoire, 70 ans de paix, est mise à mal aujourd’hui. Comme si les enfants de l’Europe remettaient en cause tout l’héritage, le reniaient même. Mais être critique par rapport à des positions prises dans le passé n’impose pas de casser tous les acquis indiscutables de la construction européenne. Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ? Car comment comprendre autrement le réflexe britannique qui a poussé au Brexit ? Certains ont agité un chiffon rouge devant d’autres qui n’en demandaient pas tant ! En même temps, il est étonnant que les responsables du résultat s’en soient ensuite mordu les mains tant les conséquences sont probablement désastreuses, à l’encontre de l’objectif poursuivi. Aujourd’hui, d’autres se battent contre le CETA ou le TTIP, ces accords négociés depuis des années par une Commission européenne dument mandatée par les États membres. Pourquoi donc accepter un accord avec le Vietnam et le refuser – aux mêmes conditions – avec le Canada ? Certes, il est plus facile d’agiter des chiffons rouges que de rassurer les inquiets… Seulement, voilà, l’Européen de la rue ne voit plus les opportunités que présente le libre-échange, mais uniquement les menaces. Avec une économie ouverte à plus de 80 %, la Belgique a plus à perdre qu’à gagner, n’en déplaise à certains dans le pays. Le libre échange doit rester la norme, la contre-proposition à la guerre. Bien sûr, il faut le canaliser, réglementer et ajuster. Tout système est perfectible. Mais qui veut faire la guerre pour un bout de fromage, sur le plateau de Herve ou de Cheddar, aussi bon soient-ils ? Thierry Willemarck, Président de BECI BECI - Bruxelles métropole - novembre 2016 1

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