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ENTREPRENDRE TRANSITION Les aliments nouveaux sont arrivés De la viande à base de protéines végétales, du fromage à base de lait de noix ou d’amandes, du steak d’insectes, de la spiruline, du teff et des repas complets, sains et équilibrés, sous forme de poudre ou de jus… Des nouveaux aliments, qui semblent parfois sortis de la science-fiction, ou des produits anciens mais méconnus ou oubliés, arrivent dans nos assiettes et vont bouleverser les habitudes. Laura Rebreanu C ette révolution est menée tambour battant par de jeunes start-ups innovantes, pour lesquelles protéger l’environnement tout en créant des entreprises qui réussissent n’est pas incompatible. Les exemples sont nombreux et variés, mais leur point commun est la recherche de produits sains, équilibrés et « verts ». Ainsi, les substituts de viande se multiplient, pour répondre d’une part à une demande croissante en produits végétariens, mais aussi pour chercher des alternatives durables, pouvant répondre aux besoins nutritifs d’une population mondiale en constante augmentation. Quorn, l’ancêtre du marché, qui a vu le jour en Grande-Bretagne en 1985, Beyond Meat (2009), Impossible Foods (2011), proposent tous différents produits à base de plantes pour remplacer la viande, tout en approchant son goût et sa texture. Si ces produits tiennent déjà de la haute technologie, et ont nécessité des longues années de recherche avant la mise sur le marché, que dire de la viande produite en laboratoire ? Vieux rêve de l’humanité, son premier succès a été le test en grande pompe en août 2013 d’un steak produit à partir de cellules souches par l’Université de Maastricht. Le chemin reste long avant la commercialisation, mais les initiatives se multiplient, avec nos voisins les Pays-Bas en tête. L’enjeu est important : la demande en viande est en constante augmentation ; or la production traditionnelle est gourmande en ressources, avec un impact environnemental non négligeable. Des « noisettes avec des pattes » ? Pour faire face à nos besoins, des solutions plus simples et déjà disponibles sur le marché existent : la consommation d’insectes, ou entomophagie. Riches en protéines de qualité, acides gras et oligo-éléments, leur élevage impacte bien moins l’environnement que celui des animaux de boucherie. Ils peuvent se nourrir de divers restes végétaux et nécessitent peu d’espace, car ils peuvent être élevés à la verticale. Les émissions de CO2 et autres gaz à effet de serre sont faibles et la consommation d’eau est également fortement réduite. De plus, la production d’un kilo d’insectes nécessite seulement 2 kg de biomasse, contre 8 kg de biomasse pour un 1kg de bœuf. Les insectes sont déjà traditionnellement consommés par certaines populations ; on estime que plus de deux milliards de personnes dans le monde s’en nourrissent régulièrement. Mais en Belgique - et en Europe généralement – c’est 34 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 encore rare. La vente d’insectes destinés à la consommation humaine n’est autorisée chez nous que depuis mai 2014 (mais elle était déjà tolérée avant). Au niveau européen, les insectes sont reconnus comme nouveaux aliments depuis novembre 2015 seulement. Pourtant, les initiatives et les entreprises se multiplient. Rien qu’à Bruxelles, on recense Little Food, Bugs in Mugs et BuGoodFood, qui ont fait des insectes leur gagne-pain. Entomochef est un nouveau traiteur qui ne propose que des produits à base d’insectes. Au départ, en 2013, c’était un menu proposé par le traiteur durable Dauranta. Le succès a poussé Chris Derudder, l’un des fondateurs de Dauranta, à en faire une marque à part. Des vers buffalo aux vers de farine, grillons, sauterelles, chenilles diverses, lyophilisés ou surgelés, en amuse-bouche, en tapas ou en sucreries : le choix est vaste et les commandes pleuvent. Les clients se précipitent, paraît-il, pour tester les « noisettes avec des pattes » ou le chocolat aux insectes. Et Entomochef se prépare à lancer le Bug Burger Mix, pour faire des burgers chez soi. L’idée n’est pas saugrenue : les insectes sont déjà proposés dans des magasins bio et spécialisés, ainsi que dans certains supermarchés. Colruyt, Carrefour, Delhaize s’y sont aventurés avec plus ou moins de succès. Difficile de dire aujourd’hui si les insectes feront un jour partie de notre alimentation quotidienne ou s’ils resteront un produit de niche, mais les entrepreneurs y croient et s’y investissent ! ● Info : Laura Rebreanu, responsable environnement et énergie BECI, lr@beci.be - 02 643 78 26 © Thinskstock

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