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EDITO Et si Bruxelles retenait ses entreprises ? Les entreprises n’ont pas le droit de vote, mais elles ont des « pieds », fûtce au sens figuré. La presse y a largement fait écho : le mois dernier, une étude réalisée par Beci et Bisnode a révélé que près de 14.000 entreprises et indépendants (du moins leur siège social) avaient quitté Bruxelles en cinq ans, pour un peu plus de 10.000 qui sont venues s’y installer. Bilan : un solde migratoire de 3.642 départs, dont 36 % d’entreprises, principalement vers les deux Brabant. Bien sûr, ces chiffres doivent être interprétés dans leur contexte. Didier Gosuin a raison de le rappeler : si on y additionne les créations et les faillites, le solde net reste positif ; l’économie bruxelloise a « gagné » plus de 13.000 entreprise sur la période, et elle maintient son niveau d’emploi. Voilà qui témoigne de son extraordinaire dynamisme. Par ailleurs, sur un territoire urbain, par définition limité, il n’est pas anormal que des entreprises en manque de place déménagent. C’est d’autant plus vrai quand le « boom démographique » augmente la pression sur les rares espaces disponibles. Certes, mais… Voir les entreprises quitter la ville n’est jamais un bon signal. Il nous inquiète d’autant plus qu’il résonne en écho à notre dernier sondage, réalisé en juillet : 50 % des entrepreneurs qui se sont prononcés envisageaient de délaisser Bruxelles ; le score le plus élevé depuis 2010. Près de 74 % des sondés exprimaient leur défiance envers le gouvernement bruxellois. Et ils étaient 64 % à placer la mobilité en tête de leurs priorités. C’est un autre record : ce chiffre n’avait jamais dépassé les 55 % dans nos sondages précédents. L’un explique-t-il l’autre ? On comprend que les entreprises – et leur personnel, leurs clients, leurs fournisseurs –, qui vivent au quotidien les problèmes d’accessibilité et de circulation à Bruxelles, puissent être tentées de déménager en périphérie. Mais d’autres raisons peuvent expliquer leur exode ; les coûts immobiliers, entre autres, mais aussi la fiscalité régionale et communale, qui est, après la mobilité, le deuxième souci des entrepreneurs sondés (33 %) ; ou encore les procédures administratives, troisième source de préoccupation (32 %). On songe ici aux difficultés et aux lenteurs que peuvent rencontrer les entreprises dans l’octroi de permis… Force est de constater que Bruxelles, si elle crée beaucoup d’entreprises, peine à les retenir. Peine à retenir leur richesse et leurs emplois. Les problématiques sont connues, les réponses à leur apporter aussi. Les chiffres doivent nous interpeller. Thierry Willemarck, Président de BECI BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 1

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