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TOPIC féminine dans ces secteurs et une surreprésentation dans le domaine de la santé et de l’éducation ». Aux États-Unis, la moitié des entreprises sont créées par des femmes, contre un tiers seulement en Europe. Des chiffres La femme donne la vie. L’homme donne le monde. (ironique) Marleen Boen, CEO de Coaching Square qui inspirent Aurélie Couvreur, fondatrice de Serendipities, une entreprise de stratégie de communication. « La relation à l’entrepreneuriat est complètement différente outre-Atlantique. Il y a trois raisons à ceci. Premièrement, aux États-Unis, la peur de l’échec est beaucoup moins marquée que chez nous. Une faillite n’est pas honteuse. Deuxièmement, je pense que l’absence de filets sociaux comme le chômage ne laisse pas le choix aux Américains qui veulent se réaliser professionnellement. Finalement, il y a une culture de l’entreprenariat spécifiquement américaine. Par exemple, les enfants sont sensibilisés dès la maternelle à des projets d’entreprise. » … les femmes iront sur Vénus Pour lutter contre ces inégalités, des organismes mettent heureusement en place des plans et programmes spécifiques, tant au niveau régional que national et européen. C’est le cas par exemple du Plan d’action « Entrepreneuriat 2020 ». À travers celui-ci, la Commission européenne invite les États membres à concevoir et mettre en œuvre des stratégies nationales en faveur de l’entrepreneuriat féminin. À Bruxelles, la plateforme Women in Business a été créée par Impulse en 2014. Loubna Azghoud en est la coordinatrice : « La mission de Women in Business est de stimuler la création d’entreprises par les femmes bruxelloises. Nous travaillons avec de nombreux partenaires experts en la matière qui leur offrent un soutien actif dans la sensibilisation, l’accompagnement, la formation et le réseautage. » Selon Marleen Boen, les mentalités doivent encore beaucoup évoluer. Premièrement, dans la vie privée. « Même si le partage des tâches ménagères et familiales s’est beaucoup amélioré en un siècle, il existe encore trop de foyers où cette répartition reste déséquilibrée. Cela empêche nombre de de femmes de lancer des projets entrepreneuriaux. A contrario, lorsqu’une femme bénéficie du soutien de son conjoint, elle a aujourd’hui toutes les opportunités de devenir entrepreneur. » Deuxièmement, dans le regard extérieur. « La culpabilisation reste tenace. On m’a déjà demandé si mon activité ne nuisait pas au bien-être de mes enfants... Je ne crois vraiment pas que l’on pose ce genre de question aux hommes. » Troisièmement, au niveau des interactions professionnelles. « Le networking n’est pas encore assez accessible aux femmes. J’ai remarqué que certains clubs d’affaire bruxellois restent volontairement très masculins. Il y a quelques années, on m’avait gentiment suggéré de prendre un homme avec moi pour entrer dans un de ces groupes… » Et enfin, dans l’esprit des femmes elles-mêmes. « Elles ont encore une forte tendance à se sentir inférieures aux hommes. Elles doivent prendre confiance en elles, avoir de l’audace et connaître leur propre potentiel. Elles doivent également être solidaires. Pourquoi ne pas nous épauler lors des réunions de networking ? Mais il faut qu’elles soient également conscientes des limites qui leur sont imposées par la société. En effet, elles s’orientent moins souvent vers des études à caractère économique. C’est pourquoi je leur conseille de combler ce retard en se formant en gestion, en marketing et en vente. » D’après Aurélie Couvreur, les médias ont une très grande responsabilité. « Dans la grande majorité des sujets d’entreprise Dans l’inconscient collectif, l’entrepreneur est un homme en costume. Aurélie Couvreur, fondatrice de Serendipities traités par la presse, les femmes sont relativement absentes. Ce n’est pas le reflet de la réalité. Dans l’inconscient collectif, l’entrepreneur est un homme en costume. Peut-être faudrait-il que les médias s’interrogent sur cette question ; et éventuellement mettre en place des formes de quotas et les intégrer dans les règles de déontologie. Je crois qu’il est temps que les associations de journalistes professionnels se penchent sur cette question ». Le combat pour les droits des femmes n’est pas encore gagné. C’est la responsabilité de la société entière d’enterrer les préjugés et d’ouvrir les yeux sur une réalité tellement évidente. À tous les niveaux de pouvoirs, dans tous les secteurs, dans toutes les obédiences. Messieurs et Mesdames, à nous de jouer. ● BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 23 © R.A. © R.A.

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