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TOPIC d’un stage d’une semaine qui leur apprend autre chose que l’usage passif d’un ordinateur ou de l’internet. Nous constatons que ces jeunes sont très stimulés, par exemple quand ils développent eux-mêmes un jeu informatique. Le plus poignant, c’est la présentation du travail à la fin du stage. Les parents recouvrent, eux aussi, la fierté et se remettent à croire dans le potentiel de leurs enfants. Près de la moitié des jeunes chercheurs d’emploi en Région de Bruxelles Capitale n’ont pas terminé l’enseignement secondaire, alors qu’environ 60 % des jobs nécessitent un diplôme supérieur. En Régions flamande et wallonne, ce taux se situe respectivement à 38,5 % et 37,8 % seulement. On aurait donc intérêt à stimuler la mobilité interrégionale. Le faites-vous ? Et comment ? Nous essayons d’améliorer l’interaction socio-économique entre Bruxelles et sa périphérie, tant sur le plan physique que mental. Je citerais le Brabantnet, le RER, le « fiets-GEN » (RER vélo) etc. Beaucoup a été fait, ces dernières années, pour abattre des cloisons et faire collaborer les régions par l’échange de postes vacants. Le VDAB et Actiris ont signé un accord de collaboration l’année passée. De Lijn consent des efforts, notamment avec des bus de nuit de Bruxelles vers Brussels Airport, un grand employeur de personnel peu qualifié. Nous essayons aussi d’offrir à davantage de jeunes une chance de diplôme et une place sur le marché de l’emploi bruxellois. L’enseignement dual tel qu’il existe en Allemagne figure à l’agenda de la ministre Crevits pour combattre le décrochage scolaire. Les jeunes alternent les jours à l’école et les jours de travail en entreprise pour freiner la lassitude scolaire. Les résultats sont là : les jeunes qui ont travaillé chez Audi pendant leur scolarité ont souvent trouvé de l’emploi par la suite. L’enseignement du néerlandais est insuffisant dans l’enseignement francophone, ce qui pourrait causer d’autres discriminations. Partagez-vous ce point de vue ? Et comment y remédier ? Il est sans doute excessif d’y voir une source de discrimination. En revanche, il est vrai que la qualité du néerlandais enseigné n’est pas suffisante partout, d’autant que de nombreux emplois requièrent un bilinguisme correct. Il existe à Bruxelles des initiatives d’échanges d’enseignants. Et l’on s’efforce d’augmenter le nombre d’écoles à immersion linguistique. Il s’agit d’écoles francophones à Bruxelles et en Wallonie, où certains cours sont enseignés en néerlandais. Les écoles exploitent encore trop peu cette possibilité, sans doute parce qu’elle reste méconnue. Par ailleurs, la popularité de l’enseignement néerlandophone démontre que les parents francophones sont conscients de l’importance du bilinguisme. Les premières années de l’enfant sont les plus favorables aux stimuli linguistiques. Nous envoyons donc une équipe volante de coaches linguistiques dans nos garderies d’enfants pour entraîner les puériculteurs/trices à stimuler l’apprentissage des langues chez les tous petits. 14 BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 Plusieurs études démontrent que nous pratiquons tous la discrimination de façon inconsciente. Dans les transports en commun, par exemple, nous hésitons à prendre place à côté d’un voyageur qui n’a pas la même couleur de peau. Prévoyez-vous des initiatives pour changer les mentalités, éventuellement dès le plus jeune âge ? Nous avons tous des préjugés, positifs et négatifs. Veillons à ce qu’ils ne nous dominent pas, osons regarder la personne derrière ce qui la caractérise (son nom, sa couleur de peau, son orientation sexuelle ou philosophique). Voilà sans doute mon plus grand défi en tant que Secrétaire d’État bruxellois à l’Égalité des Chances. Nous devons évoluer vers une société inclusive qui respecte les talents et particularités de chacun. Pour y parvenir, il nous faut d’abord une panoplie de mesures légales. Le gouvernement bruxellois a adopté, à mon initiative, une ordonnance relative à la discrimination lors de la livraison de marchandises. J’ai aussi mis sur pied des ordonnances relatives au gender mainstreaming (égalité homme-femme) et au handi mainstreaming (intégration des moins-valides). En fait, l’égalité des chances relève de la responsabilité de chacun. Dans chaque nouvelle ordonnance, il faut veiller à ne pas accroître l’inégalité qui persiste entre les hommes et les femmes. Et chaque ministre qui prend une initiative doit veiller à ne pas créer d’obstacles supplémentaires pour les personnes moins valides. Nous essayons aussi de changer les mentalités via des projets qui impliquent vraiment les gens. « Racism Game Over » en est un exemple, de même que le projet « Mon job, c’est mon choix » que j’ai lancé conjointement avec BECI. Il s’agit de rompre avec les stéréotypes professionnels masculins ou féminins, surtout dans les emplois en pénurie. La prise de conscience doit se faire dès le choix d’études. Une femme garagiste et un puériculteur, ce doit être possible. Les métiers d’homme et métiers de femme, c’est dépassé ! ● © Reporters

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