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TOPIC Quelques considérations quant aux zones à émissions réduites La Febiac est en principe favorable à l’interdiction des véhicules diesel antérieurs à 1997 à Bruxelles dès 2018, et à la conversion de l’ensemble de la Région bruxelloise en zone à émissions réduites. « C’est une décision courageuse », estime Thierry van Kan. « 20 % de notre parc automobile a plus de 15 ans d’âge et génère 80 % de la pollution. La zone à émissions réduites contribuera à la qualité de l’air. Le but ultime serait d’avoir davantage de véhicules électriques en ville, mais l’infrastructure n’est pas à la hauteur. Les bornes de chargement devraient être bien plus nombreuses dans les villes. De même, les alternatives à la voiture – le métro par exemple – peuvent être développées davantage. Et puis ceci : comment contrôler quels véhicules peuvent accéder au centre-ville ? Comment financer le système ? Cette mesure a des implications multiples et nécessite un plan global. Sera-t-il prêt d’ici 2018 ? » Le président de la Febiac propose de puiser l’inspiration à Anvers, qui veut bannir les vieux véhicules diesel de son centre-ville un an plus tôt. « Je sais que les propriétaires bruxellois d’oldtimers se font beaucoup de soucis. Anvers a prévu une exception : les véhicules de plus de 40 ans restent autorisés dans le centre-ville. » La conclusion de Thierry van Kan : « Si chaque ville édicte son propre règlement, le citoyen ne s’y retrouvera plus. Il vaut mieux une directive fédérale. Nous estimons donc qu’une redevance kilométrique générale serait plus simple. Si nous accordons une pondération suffisante à l’éco-score dans cette redevance, nous obtiendrons sans doute les mêmes résultats qu’en instaurant une zone d’émissions réduites. » Ce tarif monterait à 8,7 cents/km pendant les heures de pointe. Il tomberait à 4,7 cents/km pour les plus bas revenus. Le bonus/malus écologique peut atteindre 0,75 cent/km, selon la catégorie CO2 du véhicule. « Plus équitable, la redevance kilométrique générale » « La redevance kilométrique des camions représente pour nous un coût énorme, que nous ne pouvons pas toujours refacturer au client, vu la concurrence féroce sur notre marché. Nous ne pouvons envisager une majoration du prix qu’en cas de commande émanant des services publics. La redevance kilométrique équivaut à un impôt pur et dur, bien plus que la vignette routière. » Voilà l’avis d’une entreprise logistique qui préfère rester anonyme. Qui plus est, le système GPS fait ses maladies d’enfance, constate le patron. « Pendant deux mois, nous avons effectué des travaux de démolition sur un site. Si nous nous déplacions d’un kilomètre sur ce terrain, le GPS indiquait que nous empruntions la voie publique. Bien sûr, nous pourrions contester ces erreurs, mais compte tenu de l’ampleur de notre parc de véhicules, la charge administrative serait Thierry van Kan, président de la Febiac. Chaque utilisateur recevrait automatiquement une facture mensuelle. On pourrait prévoir, pour les voitures de société, une formule comparable aux factures GSM : redevance à charge de l’entreprise pendant les heures ouvrables et à charge du conducteur en dehors de ces heures. « Si une telle redevance est instaurée, qu’elle soit uniforme pour toute la Belgique et même dans toute l’Europe. C’est essentiel pour notre industrie automobile. Si la législation divergeait d’une région à l’autre, l’industrie aurait le plus grand mal à y faire face », conclut M. van Kan. ● colossale. Nous devrions presque engager un employé supplémentaire pour contrôler toutes les factures. » L’entreprise en question dispose d’un terminal dans le port. La redevance kilométrique incite-t-elle à recourir plus souvent au transport par la voie d’eau ? « Nous transportons déjà pas mal par bateau. Nous n’avons pas attendu la redevance pour en comprendre l’utilité. En revanche, les volumes constituent un obstacle. Nous pouvons transporter davantage par camion et le transport fluvial est coûteux, lui aussi. Il est rare que le transport par bateau revienne moins cher que la route. » Notre interlocuteur constate que de nombreuses entreprises logistiques réagissent à l’instauration de la redevance kilométrique en optant pour des véhicules plus petits de 3,5 tonnes. « Ils répartissent les marchandises entre plusieurs véhicules utilitaires plus petits, ce qui aggrave les encombrements routiers. Une redevance kilométrique généralisée serait plus équitable, parce que chacun serait égal devant la loi et il y aurait un effet dissuasif. » BECI - Bruxelles métropole - septembre 2016 33

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