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BRUSSELSLIFE Edith Cavell, héroïne de la Grande Guerre LE BRUXELLOIS DU MOIS Edith Cavell n’est pas seulement le nom d’une rue ou d’une clinique, c’est avant tout le nom d’une femme au fort tempérament qui a marqué l’histoire de Bruxelles voire du monde entier. LE SAVIEZ-VOUS ? Verlaine a tiré sur Rimbaud à deux pas de la Grand Place Le saviez-vous? Le 10 juillet 1873, Verlaine tire sur Rimbaud dans une petite chambre d’hôtel à quelques pas de la Grand-Place (rue des Brasseurs). L’un est blessé au poignet. L’autre est écroué. Depuis quelques années, les deux hommes vivent une relation amoureuse compliquée. Ce matin, là, le 10 juillet 1873, Paul Verlaine se rend aux Galeries Saint-Hubert chez l’ar46 BECI - Brussel metropool - février 2016 murier Montigny où il se procure un pistolet de 7 mm à six coups. Il passe le restant de la matinée à écumer les bistrots du centre de Bruxelles. Lorsqu’il rejoint sa chambre d’hôtel à midi, il est dans un état d’ivresse avancé et perd le contrôle. Désespéré, il tire sur son compagnon à deux reprises. Rimbaud est touché au poignet. Les deux poètes se rendent ensemble à l’hôpital Saint Jean mais Verlaine ne cesse d’être menaçant. Son amant est obligé de le dénoncer aux autorités bruxelloises. La sanction sera lourde : Paul Verlaine sera écroué pendant deux ans à Mons. Si la tentative d’assassinat est au cœur du jugement, c’est surtout la relation homosexuelle qui est clouée au pilori. Olivia Regout Le 12 octobre 1915 à 7h du matin, Edith Cavell fait face à peloton d’exécution allemand à Schaerbeek. Elle vit ses derniers instants après une année intense de résistance contre l’occupant. Cent ans plus tard, le courage de cette héroïne de la Grande Guerre marque toujours les esprits. Edith Cavell est anglaise. Fille du révérend Frederick Cavell, elle arrive à Bruxelles pour la première fois en 1890. Elle a 25 ans et vient d’être engagée comme gouvernante au compte des François, famille voisine d’Antoine Depage. Cinq ans plus tard, elle rentre en Angleterre pour soigner son père malade et entame dans la foulée une formation d’aide infirmière. En 1907, elle revient à Bruxelles pour entrer au service du docteur Antoine Depage qui la nomme infirmière en chef à l’Institut Berkendael à Ixelles. Peu de temps après, c’est elle qu’il choisit encore pour prendre la direction de son école d’infirmières. En 1914, l’école déménage à Uccle, là où se trouve aujourd’hui la clinique Edith Cavell. Son rôle pendant la Première Guerre mondiale Lorsque la guerre éclate, l’Institut se transforme en hôpital de guerre pris en main par la Croix-Rouge. Edith Cavell soigne sans distinction Alliés et Allemands. Sa position est idéale. Elle intègre et étoffe un réseau d’évasion qui permettra à de nombreux soldats anglais, français et belges de s’enfuir aux Pays-Bas. Elle sauve ainsi la vie de centaines de combattants blessés et de résistants. A l’été 1915, les Allemands finissent par avoir la puce à l’oreille. Ils découvrent les manœuvres secrètes qui se trament depuis l’hôpital. Le réseau tombe et ses 65 membres sont arrêtés. Edith Cavell est incarcérée à la prison de Saint-Gilles le 5 août 1945. Procès et exécution Le 11 octobre 1915, Edith Cavell passe devant la Court Martiale. Guidée par un sens de la morale indéfectible, elle ne se défend pas et admet les faits qui lui sont reprochés. Son procès est expédié. Condamnée à 5 h de l’après-midi pour haute trahison, elle est exécutée le lendemain matin, à 7 h, au Tir national à Schaerbeek. Elle refuse de se laisser bander les yeux... Son exécution provoque aussitôt un tollé au sein de la Triple Entente. Considérée comme une martyre, son courage inspire. En Angleterre, une vague de nouveaux volontaires s’engage pour en découdre avec l’ennemi. En Europe, une légende est née… Olivia Regout © photo : www.independent.co.uk

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