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© Jean-Marie Janssens Photography Quel avenir pour le Quartier Nord ? Construit dans les années ’70 avec pour ambition de devenir un « little Manhattan », le Quartier Nord est aujourd’hui un immense espace de bureaux un peu laissé à l’abandon. Selon l’Observatoire des bureaux, 80.000 m2 sont actuellement inoccupés et de nombreux projets restent dans les cartons faute de locataires potentiels. Pourtant, les possibilités sont là… Gaëlle Hoogsteyn L e Quartier Nord était une belle ambition au départ. L’idée : un vaste quartier de bureaux, des tours clinquantes, un bel espace ouvert… Le tout, à quelques centaines de mètres à peine de la gare du Nord et du centre-ville bruxellois. Aujourd’hui, si les tours sont sorties de terre, l’ambiance new-yorkaise n’est pas vraiment au rendez-vous. Une vacance potentielle de 250.000 m² « Le Quartier Nord bénéficie d’une localisation idéale, au centre de Bruxelles, à proximité de la gare et du métro. L’accessibilité est bonne et les bâtiments, relativement récents, offrent des surfaces de bureau intéressantes », commente Cédric Van Meerbeeck, directeur associé chez Cushman & Wakefield. « Avec 1,5 million de m², c’est le 3e Garden en 2012, beaucoup ont espéré que ce serait l’amorce d’une vague d’arrivées », commente Cédric Van Meerbeeck. « Mais cela n’a jamais eu lieu ». Les institutions européennes ne manifestent actuellement pas d’intérêt pour le Quartier Nord. Pour Amaury de Crombrugghe, c’est en grande partie dû à la vétusté de certains bâtiments : quartier de bureaux de Bruxelles. Le taux de vacance (5,5 %) y est d’ailleurs plus faible que la moyenne du marché bruxellois (10 %). 35.000 m² sont remplis chaque année, essentiellement par le secteur public, mais aussi par des occupants du privé. » À l’heure actuelle, le quartier se porte donc plutôt bien. Mais, comme le souligne Amaury de Crombrugghe, d’AG Real Estate, « le risque que cela change est réel ». D'anciens immeubles se vident : le Boréal et le Manhattan, le Boudewijn… Et en parallèle, de nouveaux sont dans les starting-blocks : la tour passive WTC 4 et le Quatuor, la Silver Tower, la Brussels Tower... Tous ne sont pas prêts à sortir de terre, mais certains développeurs seraient prêts à franchir le pas, jugeant que l'absence de projets au centre-ville devrait permettre à l'Espace Nord d'accueillir de grandes demandes. « Le Quartier Nord concentre la majorité des grands projets actuels. S’ils se concrétisent, il pourrait y avoir un grand vide locatif de plus de 250.000 m² d’ici 2018 », confirme Amaury de Crombrugghe. Faire venir les institutions européennes ? Mais comment faire venir les entreprises ou, mieux encore, les institutions européennes ? L’an dernier, la Ville s’est en effet opposée au projet de doublement des surfaces de bureau du quartier européen autour de la rue de la Loi. Le Quartier Nord constituerait une belle alternative ! « Lorsque la Commission Européenne est entrée dans le bâtiment Covent 22 BECI - Bruxelles métropole - février 2016 Le Quartier Nord a été développé sur un concept urbanistique qui n’est plus du tout adapté à la société actuelle. Cédric Van Meerbeeck (Cushman & Wakefield) « Les immeubles qui vont se vider ne sont pas attractifs pour les institutions européennes car ils doivent être rénovés. On peut espérer que le jour où ils auront été remis à neuf, les institutions européennes reverront leur point de vue. » Il constate par ailleurs que, si les immeubles proches de la gare se louent très facilement, dès que l’on s’éloigne un peu, il y a moins de demande. « Le canal constitue encore un frein, une frontière que les entreprises ont du mal à franchir », ajoute l’expert. La piste de la mixité Par ailleurs, en dehors des heures de bureau, ce quartier monofonctionnel est totalement déserté. Il n’y a pas, ou presque, de rez-de-chaussée commerciaux ni de logements. Cette absence de mixité entraîne un sentiment d’insécurité. « Le Quartier Nord a été développé sur un concept urbanistique qui n’est plus du tout adapté à la société actuelle », avance Cédric Van Meerbeeck. R.A.

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