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SPEAKER’S LE MOIS ÉCONOMIQUE « J’SAIS PAS, M’SIEUR ! » Les économistes et leurs relais politiques sont comme des potaches devant leur instituteur : « Bon, tu te décides ? Au pluriel, bijou, ça prend un s ou un x ? » | Jean Blavier Mario Draghi fait penser à ces Alfistes – je garde un souvenir morose du sale caractère de l’Alfasud de ma jeunesse –, qui donnent de coléreux coups de starter, mais la machina refuse de démarrer. On a dépensé et on va dépenser combien en quantitative easing ? On a ruiné et on va ruiner combien de rentiers avec ces taux d’intérêt proches du point de congélation ? On va rendre hystériques combien de candidats propriétaires qui pestent en voyant les conditions historiquement favorables auxquelles ils peuvent emprunter... sans pouvoir le faire, parce que les banquiers ne prêtent plus, ou plus suffisamment ? Des banquiers qui d’ailleurs ne prêtent pas davantage aux entrepreneurs : on est passés et on va passer à côté de combien de créations et d’expansions d’entreprises, parce que ces messieurs-dames ne recyclent plus comme ils le devraient le bel argent que nous, braves citoyens, continuons à accumuler sur des comptes qui rapportent des clopinettes ? Le Belge a parfois l’impression qu’il est visé par la chanson de Brel : « Les bourgeois, c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient c... », alors que c’est le monde qui est devenu fou. On est en droit de se demander si nous ne nous retrouverons pas un jour dans la situation de ces Danois qui doivent payer leur banquier pour déposer leur argent chez lui. Tout cela procède d’une seule et même obsession : faire redémarrer le moteur économique. Sans succès jusqu’ici. Un économiste bien connu m’a dit : « Je parie que Mario Draghi doit mal dormir en ce moment ». Le comble est sans doute qu’il y a une économie qui marche, envers et contre tout : les PME. Selon un indice calculé par SD Worx, l’emploi structurel dans les PME belges n’a jamais été aussi élevé. Qui sont ces discrets employeurs qui recrutent et dont on ne parle pas, parce que les trains qui arrivent à l’heure, ça n’est pas de l’info ? Des travailleurs acharnés, le nez sur le guidon, qui imaginent, construisent et vendent des produits et des services que les autres n’imaginent, ne construisent et ne vendent pas. Votre serviteur a des capacités cérébrales limitées, certes, mais il ne parvient pas à comprendre pourquoi ces PME ne sont pas la priorité de nos élus et de ceux qui ont en main les manettes du pouvoir. Pourquoi, pourquoi ? Il paraît que c’est compliqué, que ça dépend de l’Europe, qu’il y a d’autres priorités... Basta ! En fait, cela tient en trois mots : « J’sais pas, m’sieur ! » Ce serait pourtant si facile. Prenons la TVA. C’est arithmétique, la TVA. C’est même un des rares impôts à l’être. Il y a une simplicité dans le fait de collecter un impôt sur la plus-value et d’en déduire, avant de le transférer à l’administration, la TVA que l’on a soi-même payée. Seulement voilà, la bureaucratie est passée par là. Quand vous payez au comptoir chez Exki, pourquoi vous demande-t-on si c’est pour consommer sur place ou pour emporter ? Pour être sûr qu’il y a suffisamment de places assises pour accueillir chaleureusement votre honorable postérieur ? Que nenni. C’est parce que le taux de TVA est différent. Deux taux différents pour un snack, vous imaginez ce que ça peut être dans une PME multiproduits qui exporte à la fois dans l’Union et ailleurs ? Des exemples comme cela, il y en a treize à la douzaine. Le plus invraisemblable est que l’on trouve des défenseurs de ces situations ubuesques. Les bureaucrates sont aussi de redoutables plaideurs. Ah ! J’allais presque oublier : le consultant anversois Brandhome a publié il y a quelques semaines un e-book dans lequel il donne cinq raisons pour lesquelles l’Europe est un parc de dinosaures. L’une d’elles, c’est « Bureaucracy: starting a company in Europe is an uphill battle. Months of paperwork are crippling Europe as a potentially great economic force. » Capito, M. Draghi et les autres ? Donnez-nous de l’air, qu’on respire dans cette pièce qui sent le renfermé. ● Créez votre entreprise en 45 min. chrono ! Rendez-vous personnalisé et gratuit à notre guichet d’entreprise au J Numéro d’entreprise J TVA J Caisse d’assurances sociale CORNER 02 643 78 09 J Mutuelle J Assurances www.beci.be/guichet BECI - Brussels Business - novembre 2015 5

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