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TOPIC Plus de 600 volontaires chez Belfius Banque et Assurances En plein cœur de Bruxelles, la tour Rogier abrite près de 4.000 travailleurs sur 32 étages. « Garantir leur sécurité, tant en cas de problème de santé qu’en cas d’incendie, nécessite une véritable stratégie », explique Régis Duez, conseiller en prévention du service interne de prévention et de protection du travail (SIPPT). « La sécurité du personnel est un élément primordial pour Belfius. C’est pourquoi la banque ne lésine pas sur les moyens et va même au-delà de ce que la loi impose. » « Compte tenu de la taille du bâtiment, le risque d’incendie est notre plus grande crainte. Nous ne comptons pas moins de 340 équipiers de première intervention, qui ont reçu une formation de base et doivent suivre un recyclage annuel. Chaque année, nous faisons aussi venir un ‘bus formation’ dans lequel nos volontaires font des exercices pratiques sur le feu. Nous avons aussi formé 13 équipiers de deuxième intervention. Leur mission est d’aller rechercher les collègues moins valides qui seraient coincés dans le bâtiment et guider les pompiers en cas de besoin. Ce sont en quelque sorte des ‘mini-pompiers’. Ils connaissent le bâtiment sur le bout des doigts et ont reçu une solide formation à l’incendie. » Belfius dispose aussi de 85 secouristes formés par la Croix-Rouge et de 40 aidants psycho-sociaux. « Ces derniers sont formés à la gestion des chocs post-traumatiques. Lors de l’accident de train de Buizingen en 2010, par exemple, plusieurs membres du personnel étaient dans le convoi. L’un d’entre eux a vu des choses insoutenables et nous a demandé de l’aide. » « Globalement, les collaborateurs sont plutôt solidaires chez Belfius. Lorsque nous recrutons des volontaires via intranet, nous n’avons pas de difficultés à en trouver. Nous recherchons des gens motivés, disponibles, engagés et résistants au stress. En cas d’alerte, ils sont tous sur le pont. Par ailleurs, ils jouent un rôle de prévention et sont là pour détecter les risques potentiels. Nous pouvons vraiment compter sur eux ! » d’évacuation et d’intervention en cas d’incendie. C’est là qu’interviennent les « équipiers de première intervention ». « Régulièrement, des incendies touchent des entreprises de toute taille. Des salariés peuvent être atteints physiquement et psychologiquement, voire perdre la vie. Pour l’éviter, le législateur a mis en place des obligations visant à réduire les risques d’incendie et leurs effets sur les personnes », explique Jean-Pierre Cosy, adjoint à la direction de Cresept, un organisme de formation. Le 28 mars 2014, un nouvel arrêté royal concernant la prévention incendie en entreprise a été publié. « La législation ‘incendie’ en Belgique est très compliquée parce que tous les niveaux de pouvoir sont concernés. Il n’est pas toujours facile de s’y retrouver », commente l’expert. Le fil rouge de cet arrêté, traduit dans la loi du bienêtre au travail, est la prévention. Certaines mesures sont obligatoires pour tous les employeurs, même s’il n’y a qu’un employé. « Par exemple, toutes les portes sur le chemin de l’évacuation doivent s’ouvrir dans le sens de l’évacuation », illustre Jean-Pierre Cosy. La nouvelle législation impose aussi que chaque intervention soit effectuée au minimum par deux personnes. « Dans les PME, cela peut parfois poser des problèmes. S’il n’y a que dix personnes dans l’entreprise, comment garantir que deux personnes formées soient toujours présentes, en tenant compte des congés ou des absences ? L’employeur doit alors garantir par la formation de son personnel qu’à tout moment une intervention ou une évacuation soit réalisable. Il peut lui aussi se former ». Pour le reste, chaque entreprise doit rédiger son propre plan d’urgence interne, ce qui n’est pas toujours évident… Vaut-t-il mieux avoir des gens capables d’éteindre un début d’incendie ou évacuer d’office le bâtiment ? À chaque employeur de définir ses priorités, tout en respectant au mieux les obligations légales. Jean-Pierre Cosy (Cresept) En Belgique, on dénombre 10.000 incendies par an dont 20 à 30 % en entreprise. Une fois ces plans définis, il faut les mettre en œuvre et former des collaborateurs au rôle d’équipiers d’intervention. La formation comprend un volet évacuation et un volet « lutte incendie ». « Plus l’entreprise est grande, plus l’évacuation est critique. Les équipiers de première intervention doivent apprendre les procédures propres à leur société et être capables de les mettre en application. Au niveau incendie, nous dispensons la théorie, mais nous nous basons surtout sur des exercices pratiques. Nous apprenons aux stagiaires à détecter les risques spécifiques, à utiliser les équipements de protection, à éteindre un incendie naissant... Un autre point important est d’apprendre au volontaire à reconnaître les limites de ses compétences et à ne pas intervenir si l’incendie est trop important. » Malheureusement, Jean-Pierre Cosy constate que beaucoup d’entreprises considèrent encore la prévention incendie comme une obligation pesante. « Il y a un réel travail de sensibilisation à faire. Les entreprises devraient considérer cela comme un investissement. Car, au-delà du fait de sauver des vies, savoir réagir en cas d’incendie, c’est aussi parfois sauver son business », conclut-il. ● BECI - Bruxelles métropole - décembre 2015 23

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