35

TOPIC « Le moment est venu d’oser le changement » MOBILITÉ & LOGISTIQUE Cet été, Jacqueline Galant, Ministre de la Mobilité, a présenté sa vision stratégique pour le rail. Le contexte est difficile : avec une dette de plus de 4 milliards d’euros et une ouverture à la concurrence attendue pour 2019, la pérennité du secteur ferroviaire belge est à risque. Pour la Ministre, les initiatives d’amélioration entreprises par le passé ne suffisent pas. Au cœur de son plan : le client séduit par une offre et des services performants. Propos recueillis par Gaëlle Hoogsteyn Aéroport : un équilibre à trouver Bruxelles Métropole : L’aéroport est un pôle emploi important, avec 20.000 emplois directs et 40.000 indirects. L’État souhaite-t-il continuer à attirer les investissements vers ce pôle ? Jacqueline Galant : Oui, le soutien à l’emploi est l’un des axes principaux du gouvernement. Nous soutenons l’activité économique de l’aéroport, mais il est indispensable de trouver un équilibre entre son développement et les nuisances qu’il engendre. Ce sera un équilibre très subtil et délicat à trouver. Cet aéroport est un héritage du passé : il est proche de la ville et donc facilement accessible. C’est une grande force, mais cela apporte son lot de contraintes. Évidemment je comprends les riverains, mais je souhaite aussi prendre en compte les personnes qui travaillent et tiennent à cet aéroport. Sa Avoir un aéroport proche de la ville et facilement accessible a des inconvénients, mais c’est aussi une grande force. disparition serait une catastrophe pour eux comme pour le pays tout entier. Je travaille donc à un plan avec des mesures structurelles et la mise en place d’une autorité indépendante pour stabiliser la situation et donner un cadre clair à toutes les parties concernées. Il faut accepter que cela demande du temps ; les changements incessants de ces dernières années prouvent que c’est complexe. Ce débat sur les nuisances sonores n’est-il pas exagéré ? 24 millions passagers ont été transportés en 2014, soit le même niveau qu’en 2000, mais avec 30 % de mouvements en moins… Ce dossier comporte aussi des aspects psychologiques. Mais il y a des nuisances, on ne peut pas le nier. J’ai été moi-même les constater dans certains communes. Maintenant, le fait que ce sujet soit sans cesse au cœur du débat entraîne une tension inutile car contre-productive. Je rencontre tous les représentants des associations de riverains et les bourgmestres concernés. Cela démontre qu’il n’y a pas qu’une seule vérité dans ce dossier et que chacun a sa propre lecture. Certains parlent de « spécialiser les aéroports ». Serait-ce tenable pour les compagnies ? L’une des grandes difficultés est qu’en Belgique, il n’y a jamais eu de politique interportuaire, ce à quoi je vais m’atteler. Les aéroports sont une compétence régionale ; en tant que Ministre fédérale, je souhaite réunir les ministres régionaux pour avoir une réflexion nationale à ce sujet. Naturellement, il n’est pas question de laisser faire tout et n’importe quoi. La libéralisation du rail se profile à l’horizon Alors que la santé financière de la SNCB est en berne, comment réagir avant l’arrivée de concurrents ? En termes de marché, les propositions de la Commission européenne visent à ouvrir à la concurrence le transport de voyageurs dès 2019. Ce sera très certainement sur la table des deux prochaines présidences européennes du Luxembourg puis des Pays-Bas. Cette ouverture présente des défis qu’il va falloir relever. Il n’est pas question que cela mette à mal le service public qui doit rester de qualité. Par contre, nous avons cinq ans devant nous pour mettre de l’ordre au sein des chemins de fer et devenir plus performants. Les efforts que nos sociétés devront réaliser ces prochaines années BECI - Bruxelles métropole - septembre 2015 33

36 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication