Le lieu de travail se fait domicile (et vice versa) TOPIC Les bureaux paysagers étaient très en vogue ces dernières décennies. La crise économique a renforcé encore la quête d’efficacité. Mais on a constaté plus récemment que de tels espaces ouverts entravaient les tâches nécessitant de la concentration. Les problèmes acoustiques et les nuisances sonores nécessitaient des solutions. « D’où la tendance à la diversification », déclare Daniel Thieren, expert et consultant auprès de l’agence immobilière DTZ. « Avec la crise qui se termine, de nombreuses entreprises se font plus attentives à leur personnel. Les employeurs comprennent qu’ils ne pourront fidéliser les meilleurs éléments qu’en leur assurant des conditions de travail de bonne qualité. Ils proposent donc le télétravail : le travail qui se rend à domicile. Mais l’inverse existe aussi : le domicile reconstitué sur le lieu de travail. Si vous avez, chez vous, l’habitude de lire vos mails sur le divan, pourquoi ne serait-ce pas possible au bureau ? Cette tendance a déjà donné le jour à du mobilier de bureau qui frôle l’utopique. Les ‘bubbles’ ont démontré leur utilité pour des conversations privées. Des cuisines confortables avec de petites tables et chaises qui peuvent aussi servir pour des réunions ont fait leur apparition parce qu’elles sont plus relax que des salles de réunion officielles. Par contre, le ‘cocoon container’, où vous pouvez piquer un roupillon d’un quart d’heure (une bonne idée en soi) reste difficile à accepter. Ce sont pourtant les idées un peu dingues qui conduisent à l’innovation. » on se tait), les semi-concentration zones et les collaboration zones. La moquette se veut signalétique : plus la couleur est vive, plus la zone est destinée à la collaboration. Une conversation (téléphonique) sans être dérangé ? Utilisez donc une des nombreuses bubbles. Les salles de réunion sont plus nombreuses et leur réservation facultative. Un programme Outlook les gère. Un écran sur la porte permet d’indiquer la durée d’utilisation du local. « Le collaborateur devient régisseur de sa vie et de son travail, mais le client reste prioritaire », explique Elly Swalens. « Les membres de l’équipe sont censés se mettre d’accord de façon efficace. Cette démarche nécessite bien sûr une culture de la confiance et du feed-back. » Chaque collaborateur dispose d’un ordinateur portable et d’un casque d’écoute. Le système Lync permet d’appeler, de chatter et de vérifier la disponibilité des collègues. Parmi les autres modes de collaboration virtuelle, citons les softphones et les caméras 360° (qui se braquent automatiquement sur la personne qui parle durant une réunion). Les bureaux n’ont plus rien à voir avec Watermael-Boitsfort. Un groupe de travail constitué de collaborateurs de tous les départements s’est penché sur l’aménagement intérieur. Des représentants du personnel ont testé bien à l’avance une série de meubles et de sièges de bureau. Les bureaux respirent l’espace, sans être froids ni austères. Les limites des diverses zones se fondent les unes dans les autres. Dans un coin, une table ronde entourée de chaises de multiples couleurs et d’une cloison en bois qui intègre un banc. Des éléments acoustiques absorbent le bruit. Un peu plus loin, un baby-foot invite à la détente et aux rencontres informelles. Chaque étage du bâtiment Marnix a sa couleur et son thème (people, protection, prevention, diversity, climate, research, longevity et culture), rehaussé d’une citation. La Place du Village regroupe toutes les couleurs dans un arcen-ciel. Son thème people s’illustre de ces mots de Walt Disney : « You can design and create, and build the most wonderful place in the world. But it takes people to make the dream a reality ». Au même étage, la Marnix Lounge accueille l’executive committee. Tous les thèmes se sont donné rendez-vous sur un mur. L’ascenseur nous amène au troisième étage orange, où nous découvrons la dynamic room, équipée d’une caméra et d’un grand écran. On peut s’y connecter depuis son domicile pour une brève réunion quotidienne. Des Belges célèbres Sodexo occupe depuis la fin décembre son nouveau siège à l’avenue de la Plaine, à proximité de l’ULB. Et revoici le principe des thèmes, dans ce bâtiment flambant neuf, mais cette fois en rapport avec des Belges célèbres. À l’étage de la musique, les salles de réunion répondent aux noms d’Adolphe Sax, Jacques Brel, Stromae et Toots Thielemans. L’étage des sports met à l’honneur Kim Clijsters, Tia Hellebaut et Eddy Merckx. À l’étage de la mode, on retrouve les noms de Martin Margiela, Diane von Fürstenberg et Dirk Bikkembergs. Et à celui du cinéma, vous croiserez les noms de Jean-Claude Van Damme, Audrey Hepburn et Cécile de France. La décoration d’intérieur met l’accent sur la marque Sodexo et l’expérience qu’elle évoque. Les trois cages d’escalier sont peintes aux couleurs Sodexo (rouge, bleu, blanc et gris) et arborent des messages ludiques du style « mind your step, not your phone ». Ce nouveau bâtiment bruxellois est érigé en exemple pour les autres sites Sodexo dans le monde (85 pays en tout). Ici encore, tout est régi par le NWoW. Caroline Botteman, manager RH, et Marceau Ghesquière, project manager, ont tout préparé pendant un an et demi. Des casiers verrouillables destinés aux effets personnels garantissent le respect du clean desk. Le travail à domicile est encouragé. Les collaborateurs font un usage intensif de nouveaux moyens de communication tels que le softphone, Lync et le videoconferencing. La consommation de papier a diminué radicalement. L’entreprise encourage des solutions alternatives pour les navetteurs. Sodexo supprime les bureaux fixes, même si chaque département reçoit un espace de travail bien défini. Le personnel choisit sa place en fonction des tâches à effectuer : BECI - Bruxelles Métropole - février 2015 23
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