Olivier de Brauwere, cofondateur de Brussels Beer Project (à droite, en compagnie de son associé Sébastien Morvan) : « Il faut que la volonté d’impliquer le public soit dans votre ADN. » FINANCER L’ENTREPRISE Brussels Beer Project aura bientôt sa propre brasserie Pionnier du crowdfunding en Belgique, comme source de financement mais aussi et surtout comme moteur de co-création, Brussels Beer Project se prépare à inaugurer sa propre brasserie, après avoir déjà lancé trois bières (dont la Delta) et quelques éditions limitées. La « foule » ouvre également la porte des banques, comme le confie son cofondateur, le bien-nommé Olivier de Brauwere. Olivier Fabes U ne bonne année et demie après avoir essuyé les plâtres du crowdfunding en Belgique, Brussels Beer Project est occupée à comparer les propositions de crédit de trois banques. Sans enthousiasme, car les garanties exigées sont élevées, mais au moins les portes s’ouvrent à l’entreprise cofondée par le Bruxellois Olivier de Brauwere et le Breton Sébastien Morvan. Ils devraient pouvoir produire leurs bières dans leur propre micro-brasserie sur 500 m², rue Dansaert. Objectif : 200 brassins par an, soit 600.000 bouteilles. « Les banques n’ont pas dit explicitement que le crowdfunding les rassure, mais on sent bien que cela renforce notre crédibilité », déclare Olivier de Brauwere, qui s’est lancé dans ce projet brassicole après avoir travaillé pour des multinationales, notamment Procter&Gamble. Son associé a quant à lui travaillé dans la microfinance. Mi-février, ils ont bouclé avec succès leur deuxième opération de crowdfunding « par récompense » : chaque « investisseur », en échange d’une mise de 160 euros, recevra 12 bières par an, à vie. 1.110 crowdfunders y ont participé, pour un montant de plus de 120.000 euros. Brussels Beer Project avait déjà levé plus de 50.000 euros en 2013, toujours sur une plateforme web qu’elle a créée elle-même. La « communauté » de crowdfunders sert également de caisse de résonance à la jeune entreprise, qui s’est inscrite dans une démarche de co-création. Sa bière la plus connue, la Delta, est par exemple le résultat d’un vote entre quatre prototypes. 22 BECI - Bruxelles métropole - avril 2015 La « foule » est souvent source d’idées innovantes ou de concepts originaux. Voici peu, Brussels Beer Project dévoilait la Babylone, une bière brassée à partir de pain frais recyclé, fruit d’une collaboration avec Coduco, Delhaize et l’atelier Groot Eiland. Les leçons Avec le recul, Olivier de Brauwere retire quelques conseils de sa double opération de crowdfunding, du moins pour ce type d’opération basée sur la « récompense » (contrairement à une prise de participation) : « Il faut venir avec un concept original et novateur. Notre idée de ‘bière à vie’ nous a valu de jolies retombées médiatiques. Le crowdfunding se généralise et juste distribuer des ‘goodies’ ne suffit plus pour attirer l’attention des investisseurs. Il faut que l’échange reste simple mais génère une vraie valeur pour les personnes, du moins si on souhaite aller au-delà de la famille et des amis. » Le crowdfunding peut amplifier une démarche marketing, mais ne suffit pas à assurer une visibilité. « Il faut se montrer par ailleurs, à des événements, faire parler de soi… Et il faut surtout que la volonté d’impliquer le public soit dans votre ADN. Nous répondons à une trentaine de mails par jour. Cela prend du temps mais cela crée aussi de la valeur ajoutée. » ●
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