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Grow Your Business peut évoluer et grandir suffisamment vite. » Erreurs de débutant Malgré la barre placée nettement plus haut que dans la plupart des start-up, M. Kestens constate aussi beaucoup plus d’intérêt et de volonté de collaborer de la part des entreprises. Il se rend compte que les start-up ont davantage d’atouts pour exploiter la technologie fortement disruptive d’aujourd’hui. Elles tirent plus efficacement profit de la demande d’innovation qui en résulte, dans quasi tous les secteurs. « C’est une bonne nouvelle, bien sûr, mais cela signifie aussi davantage de concurrence et la nécessité pour la start-up d’être robuste dès le début. Ce principe s’applique aussi bien ici que dans la Silicon Valley. Ce qui est nouveau, c’est la disponibilité beaucoup plus rapide de capital de lancement, également en Belgique. Non, ce ne sont pas les banques qui se pressent pour investir, mais plutôt des familles aisées qui préfèrent investir dans une start-up prometteuse que bloquer leur argent dans une banque ou l’investir dans de l’immobilier. Les startup constituent aujourd’hui une alternative intéressante, mais les entrepreneurs débutants doivent veiller à ne pas commettre les mêmes erreurs de jeunesse. Trop souvent, les premiers collaborateurs engagés ont à peu près le même âge et le même profil que l’entrepreneur lui-même. Conséquence : ils risquent de commettre les mêmes erreurs. C’est pourquoi tant de start-up technologiques vont malgré tout droit dans le mur. » Caisse de résonance Toon Vanagt est aujourd’hui managing partner de l’entreprise SaaS data.be, tout en étant, depuis de longues années déjà, actif en tant que lean startup-coach. Il confirme : « Un des grands dangers des start-up en pleine croissance est qu’elles se focalisent trop sur leur propre parcours et négligent toutes sortes de paramètres changeants dans leur environnement. Cette focalisation est compréhensible puisque l’entreprise est comme un bébé que l’on fait grandir, mais elle ne peut pas aveugler l’entrepreneur. Pour éviter pareil piège, entourez-vous de personnes capables de garder l’œil à tout. Par exemple des administrateurs expérimentés et de préférence complémentaires dans leurs compétences, ou plusieurs conseillers externes qui connaissent bien votre secteur. Autre option : chercher un cofondateur dès le début. À deux, chacun se fera la caisse de résonance de l’autre. Et il est vrai qu’à terme, le fondateur doit avoir le courage de céder sa place de CEO, comme M. Kestens l’a fait. » Toon Vanagt raconte qu’il est souvent approché par des petites entreprises en pleine croissance qui ont bien réussi la phase de décollage, mais qui constatent soudain qu’elles 26 ❙ Bruxelles Métropole - mars 2020 sont mal préparées aux nouveaux défis qui présentent à elles. « C’est alors qu’on a besoin de collaborateurs avec des profils différents. Je l’ai constaté personnellement dans ma première entreprise, où j’ai eu la chance de compter sur un cofondateur qui avait la patience et les qualités voulues pour mener à bien la gestion opérationnelle au quotidien. Entourez-vous de personnes capables de garder l’œil à tout. Par exemple des administrateurs expérimentés et de préférence complémentaires dans leurs compétences. Toon Vanagt Il reste à savoir quand intervient cette prise de conscience. Quand se rend-on compte qu’il est temps d’engager d’autres profils ? « C’est le moment où on développe une sorte de pré-burnout », explique M. Vanagt. « Vous n’êtes plus vraiment satisfait des tâches qui vous incombent chaque jour. Une sorte d’indifférence s’installe. Il est capital, à ce moment-là, d’apprendre à lâcher prise. » Flexibilité Autre décision fondamentale : le choix de s’appuyer ou non sur des investisseurs externes. Et surtout, à quel moment le faire ? « Cela semble un peu idiot, mais il vaut mieux qu’une start-up obtienne de l’argent, même si c’est un peu prématuré. Surtout aujourd’hui. Il y a encore beaucoup de capital à investir, et les start-up qui arrivent à bien se vendre n’ont pas trop de mal aujourd’hui à trouver de l’argent. Le risque, évidemment, c’est qu’une activité qui n’est pas encore à maturité se consume trop vite, par exemple en se lançant trop tôt à l’étranger. Ou en truffant la plateforme d’une masse de nouvelles technologies à un stade trop précoce. De tels investissements accroissent la pression, au point de mettre en péril la capacité d’innovation et la flexibilité. C’est ainsi qu’on paralyse une entreprise. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’activité peut tomber aux mains de quelques investisseurs en capital à risque, avides d’obtenir du rendement à très court terme. Je dois avouer qu’avec une de mes propres start-up, j’ai tablé pendant longtemps sur une croissance purement organique et je me suis rendu compte après coup que j’aurais dû obtenir du capital plus tôt. Un bon timing est particulièrement important, même s’il est fortement influencé par toutes sortes de facteurs externes. Eh oui, l’entrepreneur doit aussi avoir de la chance, de temps à autre (rires). » ● Filip Michiels

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