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Idées les technologies précédentes et cela s’est avéré inexact. Dans le cas de la 5G, on parle d’autres fréquences mais, précisément, celles-ci sont moins pénétrantes. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faudra déployer plus d’antennes : de nombreux obstacles arrêtent en effet ces ondes. Bien sûr, les antennes 5G émettront davantage en faisceau et donc de façon plus concentrée, mais en revanche, l’émission globale et permanente des antennes 4G baissera. Il faudra donc, sans doute, mesurer, évaluer et comparer des expositions globales au niveau de la Région. Il faudra aussi distinguer entre effet physiologique, comme un micro-réchauffement passager de la peau, et un effet sanitaire néfaste. Bref, ça demande des études et des évaluations. Mais cela ne justifie pas non plus que l’on soit excessivement restrictif d’emblée. Voyons Le marché commun du charbon et de l’acier, ça date un peu ! Ce qui fait tourner l’économie aujourd’hui, ce n’est plus la fabrication industrielle de biens matériels. L’essentiel, ce sont les services, dont l’échange de données. aussi ce que font et autorisent déjà d’autres villes et pays, et gardons à l’esprit que si Bruxelles ne saisit pas l’opportunité d’être la première ville 5G du pays, d’autres la saisiront et cela déclassera significativement notre Région. Les antennes plus nombreuses consommeront aussi par unité plus d‘énergie, ce qui est peu en phase avec la question environnementale. Oui, mais l’innovation est aussi un enjeu de la production d’énergie et je suis confiant en des changements rapides dans ce domaine aussi. D’autant plus que la Région a l’objectif d’être neutre en carbone d’ici 2050. Enfin, des applications 5G pourront conduire à des économies d’énergie : imprimer localement en 3D quelque chose qui aurait dû être transporté, décongestionner le trafic, piloter sa domotique, envoyer un fichier, faire une consultation médicale à distance... Un fournisseur de matériel 5G pourrait avoir la mainmise sur l’activité de vastes territoires, dit-on : quid de la sécurité ? Se mettre à la merci d’opérateurs n’est pas lié à la 5G : Facebook se fait déjà beaucoup d’argent grâce aux données qu’il soutire à l’insu de tous. La différence est dans la taille, pas dans la nature. La question n’est pas liée au fait de passer de la 4G à la 5G, car ce risque existe déjà ainsi que les réponses que l’on développe sans cesse pour contrôler et protéger les données ; cela n’ouvre donc pas de nouvelles questions. Ceci dit, si on achète une technologie, à nous de mettre nos conditions de sécurité et de contrôle. On parle beaucoup de Huawei que l’on suspecte, en tant qu’entreprise d’État, d’être un cheval de Troie. Mais ne soyons pas dupes, ce serait la même chose si la technologie était américaine ou coréenne... Si les Chinois ont une technologie performante, pourquoi les exclure ? Il suffit de poser des conditions préalables claires. Les pays alentour sont en concurrence forcenée pour être les premiers à exploiter la 5G. Cela ne pose-t-il pas question lorsqu’il s’agit de communication, qui est par essence sans frontière, a fortiori dans un espace européen ? Évidemment ! En fait, c’est à un niveau européen que toute la problématique aurait dû être traitée, y inclus l’octroi de licences et la mise en concurrence des opérateurs. Le marché commun du charbon et de l’acier, ça date un peu ! Ce qui fait tourner l’économie aujourd’hui, ce n’est plus la fabrication industrielle de biens matériels : produire une tasse, une table, des voitures... ce n’est plus que 15 % de l’économie. L’essentiel, ce sont les services, dont l’échange de données en tant que tel ou dont il est une composante essentielle. Mais l’Europe est ataviquement divisée en marchés nationaux et chacun voit dans la 5G un enjeu stratégique à disputer, alors qu’il s’agit d’un booster européen. De cet état d’esprit résulte aussi le fait, par exemple, qu’il n’y ait pas aujourd’hui de géant des télécoms en Europe, avec pour conséquence qu’on doit acheter la technologie ailleurs et qu’on négocie la 5G chacun dans son coin... Quand verra-t-on la 5G à Bruxelles ? Je déposerai prochainement une note de stratégie au gouvernement pour reprendre la coordination du dossier avec l’objectif d’accélérer les choses et de faire de Bruxelles la première ville qui lance le projet. Comme j’ai la tutelle sur les communes, cela facilitera ma tâche, notamment en ce qui concerne les réglementations urbanistiques (harmonisation des normes, accélération des délais d’octroi pour le placement d’antennes...), et la fiscalité applicable. À ce sujet, les opérateurs souhaitent bien sûr une non-taxation, mais il n’y a pas de raison que cette activité, qui sera rentable, ne contribue pas au financement des services publics ; la discussion portera sur la cohérence voire l’harmonisation des taxes communales. Dès qu’il y aura un gouvernement, le fédéral s’attaquera, je crois, rapidement à l’octroi de licences (car cela rapportera de l’argent...), puis les choses peuvent aller vite. ● Didier Dekeyser Bruxelles Métropole - mars 2020 ❙ 17

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