Gérer les talents globalisé. Caroline Pauwels s’en explique : « Des compétences linguistiques, bien sûr, mais aussi la capacité à critiquer ses propres préjugés. Les interactions socioculturelles sont plus simples quand on comprend le contexte et parfois les traumatismes qui induisent les réactions des gens. Sans cela, pas de dialogue. L’apprentissage de la communication interculturelle reçoit trop peu d’attention. On rencontre au travail des groupes de personnes auxquels on n’est pas forcément confronté dans la vie privée. Il faut pouvoir discuter des différences ethniques, sociales et de genre pour éviter la politique de l’autruche face aux problèmes de la diversité. » La quatrième catégorie, enfin, est celle de l’autorégulation. « On s’attend aujourd’hui à ce que vous réagissiez rapidement aux messages électroniques, mais est-ce toujours le bon réflexe ? Si on vous envoie de la boue, réfléchissez à votre réaction. Vous seriez tenté de répondre dans le même registre, mais vous pourriez décider de ne pas le faire. Notre utilisation des médias sociaux nécessite davantage de contrôle de soi, mais nous sommes encore loin d’y parvenir. » Guy Tegenbos conçoit l’autorégulation comme un apprentissage autodirigé. « Donnons aux jeunes les moyens de développer leurs propres connaissances et compétences, à leur rythme et avec des accents qui leur sont propres. Ils devront de toute façon le faire au cours de leur carrière. Celui qui est manipulé et docile en permanence n’apprend pas l’autorégulation. Des entraîneurs appliquent déjà ce principe dans les clubs de sport, mais dans le système scolaire, beaucoup reste à faire. » Offline, sans remords L’apprentissage des compétences du 21e siècle concerne aussi les travailleurs seniors, par l’apprentissage permanent. Quel est le rôle des entreprises, à cet égard ? Guy Tegenbos cite une étude récente sur les compétences du 21e siècle dans les zones portuaires : Rotterdam, Terneuzen, Vlissingen, Anvers, Gand et Zeebrugge. « L’examen des postes vacants et des critères a révélé que les ports néerlandais mentionnaient en moyenne quatre compétences à détenir, alors qu’en Belgique, il n’y en avait que deux. Les entreprises réfléchissent encore trop peu en termes de compétences modernes. Il n’existe pas de véritable culture de l’apprentissage. Trop peu d’employeurs ont développé une politique de Guy Tegenbos carrière. Ils ne réfléchissent donc pas systématiquement avec le 28 ❙ Bruxelles Métropole - décembre 2019 personnel au développement des compétences. Des rumeurs circulent chez Microsoft Google selon lesquelles les entreprises ne suivent pas les logiciels les plus récents. Et les travailleurs ne seraient pas suffisamment incités à se former en continu. Les employeurs estiment que les collaborateurs prennent euxmêmes l’initiative de se familiariser avec les dernières versions des programmes Microsoft. » Caroline Pauwels Pas question, pour Caroline Pauwels, de culpabiliser les travailleurs. « Il y a beaucoup d’angoisse et donc aussi de résistance, chez les gens. L’employeur doit savoir qu’une mise à jour des compétences peut être anxiogène. Certaines personnes refusent explicitement de poursuivre dans cette voie, au point de créer un problème. Proximus et les banques en sont un bel exemple : ces entreprises licencient du personnel pour engager d’autres personnes qui détiennent les compétences digitales requises. Peu d’entreprises développent un parcours permettant aux collaborateurs de suivre les développements tout en douceur. » Les entreprises devraient également être attentives aux modes de coopération et d’interaction différents qu’induit l’informatique. « Nous avons une politique e-mail à la VUB. Parfois, il faut être capable de ne pas réagir à de tels stimuli. La communication à distance peut générer des messages mal perçus. Nous constatons l’importance d’un bon équilibre. Depuis que la vie privée et le travail empiètent l’un sur l’autre, il faut être capable de se déconnecter. Cela nécessite également des compétences, pour ne pas se sentir coupable. » Peter Van Dyck Les compétences du 21e siècle selon l’OCDE ➜ la pensée critique ➜ la pensée créative ➜ la réflexion axée sur la résolution de problèmes ➜ la réflexion informatique (comprendre comment la technologie peut résoudre les problèmes) ➜ des compétences en information ➜ des compétences informatiques de base ➜ l’éducation aux médias ➜ la communication ➜ la collaboration ➜ les compétences sociales et culturelles ➜ l’autorégulation D.R. D.R.
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