Gérer les talents notaire n’est plus nécessaire pour ce type d’opération. En revanche, les notaires disposent d’une kyrielle de données valorisables : qui achète quoi et où se trouve l’essentiel du capital, par exemple. Ils expérimentent à présent d’autres moyens d’utiliser ces données pour fournir des services totalement neufs aux entreprises et particuliers. C’est assez intelligent comme démarche ! Martine : Il ne s’agit pas seulement d’oser, mais aussi d’être plus hardi et d’innover avec de nouveaux produits qui vont faire évoluer notre société positivement. Pour cela, il faut oser faire le saut, penser hors du cadre et prendre d’autres chemins. Citons la digitalisation des services de santé : des robots peuvent veiller à ce qu’un patient prenne ses médicaments, tenir la porte ouverte pour des personnes à mobilité réduite ou les aider à se déplacer. Cela ne peut qu’améliorer notre qualité de vie. Mais comment inciter concrètement les entreprises à prendre part à cette révolution digitale ? Martine : Nous avons réalisé une étude auprès de plus de 500 gérants belges. Au moins 66 % des PME belges n’ont pas de programme pour entreprendre par la voie digitale. Cela ne s’explique pas toujours par un manque d’ambition ; plutôt par manque de connaissances et de temps. Elles n’ont pas toujours accès aux entreprises qui peuvent les seconder. Nous avons lancé en 2017 notre projet ‘Accélération Digitale’ : une vingtaine d’experts indépendants se rendaient gratuitement chez des entrepreneurs et PME et les aidaient à promouvoir leur affaire en ligne. Un vrai succès. Nous avons aidé plus de 2.500 entrepreneurs. Telenet Business tentera d’ici 2025 d’aider deux PME sur trois à établir un plan de digitalisation. Karen : Nous devons surtout continuer à sensibiliser et à accompagner les PME, car la digitalisation reste trop vague pour elles. L’accompagnement se ait en partie par des bureaux-conseils, mais les entreprises n’ont souvent pas les budgets requis ou le retour sur investissement est insuffisant et elles n’entreprennent pas la démarche. C’est aux grandes entreprises, à mon sens, de leur montrer la voie dans l’économie digitale. C’est ce que fait Telenet : elle relève le défi et partage une partie de ses connaissances. Martine Tempels (Telenet) On sent de la résistance de la part des travailleurs. Martine : Il manque un modèle de coaching. Les pouvoirs publics et les entreprises devraient collaborer pour introduire ce coaching dans les entreprises et chez les employeurs qui en ont besoin. Certainement à Bruxelles. Notre capitale regorge de petites entreprises digitales ; il faut en tirer parti. Prévoyons des moyens, collaborons, échangeons les savoirs. Ajustons les compétences des employeurs pour qu’ils puissent suivre. Récemment, une entreprise luxembourgeoise a donné à plusieurs de ses responsables financiers une formation en cybersécurité. C’est une façon, pour une entreprise, d’être dans le mouvement. Karen : Il faut également que les entreprises communiquent ouvertement et clairement à leurs employés les raisons des changements digitaux. C’est la seule manière de chasser l’angoisse et l’incertitude. Des entreprises qui ont une culture de communication ouverte, se digitalisent plus facilement. Dans celles qui ne communiquent pas dans la transparence ou qui favorisent le top-down, beaucoup d’employés sont inquiets ou s’en vont. Plus une entreprise est productive dans ce domaine, plus les employés participent au projet de digitalisation. Karen Boers (BeCode) Comment les entreprises bruxelloises peuventelles être digitalement meilleures dans l’avenir ? Martine : Beaucoup d’entreprises bruxelloises qui privilégient la diversité acceptent plus facilement le tournant de la digitalisation. Dans une ville multiculturelle comme Bruxelles, une souplesse envers le bilinguisme obligatoire permettrait d’attirer plus de talents compétents en digitalisation, tout en réduisant la pénurie sur le marché de l’emploi. Karen : La réorientation et la formation des travailleurs et jeunes est cruciale. Je rencontre chez BeCode beaucoup de jeunes gens qui s’estimaient incapables de programmer. Ces personnes avaient souvent de gros problèmes et aucune perspective d’avenir. Il est donc assez émouvant de voir comment, via notre école, ces jeunes réussissent à démarrer une carrière prometteuse. Nous avons démarré BeCode en 2017. Au début, nous n’avions qu’une quarantaine d’étudiants diplômés. À la fin de cette année, nous en comptons déjà 500 ! Cela démontre, une fois de plus, qu’en investissant dans la réorientation digitale des travailleurs, on leur redonne confiance en eux. Ils partent enthousiastes au-devant du monde digital. ● Info : www.accelerationdigitale.be Bruxelles Métropole - décembre 2019 ❙ 25
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