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Idées Pour ou contre la fin des paiements en liquide ? Vincent Coussement, directeur des services aux commerçants chez Worldline Belgique Tout le monde devrait avoir le droit de payer selon le mode de son choix. De nos jours, les consommateurs souhaitent pouvoir payer n’importe où, n’importe quand et de n’importe quelle manière, avec leur carte ou leur smartphone, et ce quel que soit le montant. Chez Worldline, nous constatons que les Belges choisissent de plus en plus le paiement électronique. Une étude menée par Febelfin montre d’ailleurs que 89 % des Belges préfèrent payer de façon digitale. Les atouts de ce mode de paiement sont multiples. Il y a bien sûr l’aspect de la sécurité et de la rapidité, mais encore bien d’autres points. La dimension hygiène n’est pas à dédaigner, notamment dans les commerces alimentaires où la manipulation de billets et de pièces n’est pas très propre. Et puis, il y a le coût : chaque transaction en cash coûte 29 cents en moyenne, car il faut notamment tenir compte de l’alimentation des distributeurs, la collecte, le transport… Le paiement électronique quant à lui représente un coût allant de 11 à 23 cents, selon une étude de l’Observatoire des prix. Outre les paiements électroniques traditionnels par carte, le paiement sans contact se développe également de plus en plus. Cette technologie NFC (Near Field Communication) représente déjà la moitié des transactions électroniques en Europe : surtout en Europe de l’Est (où elle atteint près de 90 % des transactions électroniques en Tchéquie et en Slovaquie), moins en Belgique, où elle n’est que de 12 à 13 % (mais elle a doublé en 6 mois). Dans certains pays, principalement en Scandinavie, il n’y a presque plus de transactions en cash. En Suède, où 85% des paiements se font électroniquement, certaines personnes déclarent ne plus se rappeler de la dernière fois où elles ont payé avec de l’argent liquide. Virements bancaires, achats en ligne, paiements par carte de débit ou de crédit, avec ou sans contact, applis de paiement sur smartphone… Le cash ne cesse de reculer au profit des échanges électroniques. Alors, faut-il supprimer les paiements en espèces ? Antoine Akayyan, président de l’association des commerçants Renouveau Quartier Grand-Place Nous sommes contre la suppression du cash. D’abord au nom de la liberté du mouvement financier et de la confidentialité des transactions personnelles. Cela relève de la protection de la vie privée qui est l’un des droits majeurs de la démocratie et de la liberté. Ensuite, la Belgique, et certainement Bruxelles, perd une part importante du marché du tourisme car les paiements en liquide ne peuvent plus y dépasser les 3.000 euros depuis cinq ans. Contrairement à de nombreux autres pays, même limitrophes, où il n’y a pas de limite pour les paiements en espèce pour les non-résidents extra-européens. C’est surtout le tourisme de luxe qui est impacté : de nombreux touristes, principalement russes et asiatiques, pour qui le cash fait partie de la culture, préfèrent aller faire ces achats dans des pays frontaliers. Cette concurrence déloyale ne devrait pas être de mise en Belgique. Ou alors, il faudrait la même règle partout en Europe. Au niveau des jeunes, le cash est plus utile qu’une carte de crédit pour leur apprendre à gérer leur budget. Il y a déjà le toucher, le geste, le contact. Des billets ont plus de valeur sur le plan psychologique que de simplement composer le montant sur un terminal. Le cash fait prendre conscience de la valeur du travail. Avec le contact physique, en manipulant les billets, on est moins tenté. On est moins dans l’émotionnel. Avec le cash, on reste plus rationnel dans ses comportements d’achat. Et puis, il y a la coutume de l’argent de poche offert par les parents, grands-parents et autres pendant les périodes des fêtes. L’impact est moins fort avec un versement par carte de crédit que la traditionnelle enveloppe avec les billets. ● Julien Semninckx 14 ❙ Bruxelles Métropole - décembre 2019 © Getty

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