TOPIC Depuis les six premiers mois de l’année 2018, le secteur de l’assurance a déjà déboursé 200 millions d’euros pour indemniser des dégâts liés au dérèglement climatique. Bart De Smet, CEO d’Ageas peut receler la thématique de la lutte contre le réchauffement sur le plan de ses affaires. Ainsi, la filiale d’Ageas AG Real Estate s’est engagée dans un ambitieux plan Scholen voor Morgen. « Il s’agit d’un investissement important consenti dans la construction de bâtiments peu énergivores, conçus avec des matériaux durables et pensés dans une optique de long, voire de très long terme, et qui donnent dans le même temps à AG Insurance et AG Real Estate la garantie d'une rentabilité suffisante pour un niveau de risque sous contrôle. » D’autres idées positives, Bart De Smet en a encore plein sa besace. Et nombre d’entre elles permettent de lier de manière encore plus évidente croissance des activités actuarielles et contrôle des manifestations du dérèglement climatique. Le patron d’Ageas nous dit avoir abordé avec des politiques la question du financement par une institution comme la sienne, et d’autres acteurs dans le secteur, d’un réseau d’égouttage performant, c’est-à-dire étanche et séparatif (ndlr: avec des dispositifs permettant de séparer eaux pluviales et eaux usées), qui serait doté d’un système de rétention d’eau de longue durée. Bart De Smet : « Pendant les jours pluvieux, l’eau serait stockée dans des bassins de rétention au lieu de provoquer des inondations. Et en été, comme lors de la longue période sèche que nous avons connue cette année, l’eau pourrait être utilisée en agriculture. » Autres pistes possibles : l’investissement dans l’énergie durable avec par exemple des engagements financiers à hauteur de 250 millions d’euros dans des parcs éoliens offshore. Des produits qui doivent rester payables Le lien avec l’assurance-vie, demanderez-vous ? Il est présent dans chacun des détails auxquels veillent les compagnies d'assurance. Car c’est en agissant sur cha34 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2018 cun de ces détails que les produits d’assurance pourront rester payables, en non-vie et plus encore en vie. Ainsi les prescriptions de Solvency II, comme les opérations spéculatives hasardeuses qui sont désormais strictement proscrites, mais aussi des éléments qui semblent beaucoup plus indirects comme des épisodes de sécheresse de plus en plus marqués, la conjonction de températures plus élevées et de la formation d'anticyclones qui forment de véritables « cloches à polluants » sur de vastes zones urbanisées, amenant d'importants dépassements des seuils fixés par les autorités. Ou encore la résurgence de maladies virales comme l'hantavirus, la maladie de Lyme, voire même la dengue dont la fréquence a augmenté de manière significative en Europe, y compris en Belgique. Ce sont ainsi toutes les tranches de population qui sont touchées, et plus seulement les personnes réputées fragiles comme les jeunes enfants ou les personnes âgées1 . Ces éléments sont de nature à affecter directement et indirectement la profitabilité des compagnies. Et donc, les conditions dans lesquelles les clients peuvent bénéficier de contrats non-vie et vie à des conditions intéressantes. Raison pour laquelle les assureurs doivent désormais y accorder une importance capitale. ● Quand les réassureurs font la chasse au carbone Les grands réassureurs que sont Munich Re et Swiss Re sont particulièrement attentifs aux conséquences du changement climatique sur l'évolution des risques dans les activités vie, mais aussi non-vie de leurs clients. Ces manifestations ont en effet des conséquences dont les deux réassureurs ont pu éprouver le poids (financier, entre autre) au fil des ans. Ils ont d'ailleurs été les premiers à se lancer dans l'action, en mobilisant d'importantes équipes de spécialistes – parmi lesquels des scientifiques – afin de mieux appréhender les risques liés à cette évolution et les adaptations qui s'imposent. Par la force des choses, ils sont même considérés aujourd'hui comme les premiers militants institutionnels de la lutte contre le changement climatique. À ce titre, Swiss Re est très proactif à l'égard de tous les actes qui l'engagent à titre personnel. Son QG de New-York vient de bénéficier d'un plan d'investissement permettant d'alléger de 115 tonnes par an ses émissions de CO2 . Un effort que le réassureur aimerait bien évidemment voir dupliqué chez tous ses clients assureurs et chez tous leurs assurés. 1 Surveillance des Maladies Infectueuses par un Réseau de Laboratoires de Microbiologie 2010 - Tendances Epidémiologiques 19832009, Institut Scientifique de Santé Publique, DO Santé publique et Surveillance 2011. Rapport: D/2011/2505/21. © David Plas
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