DIVERSITÉ Faux départ pour la course à la parité dans les entreprises L’égalité des hommes et des femmes dans les entreprises est généralement mal abordée dans les plans de diversité actuels, selon des promotrices des droits des femmes au travail. Elles appellent les entreprises à revoir leur copie pour s’élancer dans un réel processus inclusif. Ophélie Delarouzée E st-ce que votre entreprise traite les femmes et les hommes de manière égalitaire ? Ceux qui répondront par l’affirmative à cette question n’ont pas encore pris conscience de la nature du problème. De la même manière, la plupart des gens se disent défenseurs de l’égalité, mais les femmes sont comme les hommes vecteurs d’inégalités. « Il y a encore énormément de hiérarchisation des sexes dans toutes les sphères de la société et si on n’en est pas conscient, automatiquement on reproduit les mêmes travers au niveau collectif comme individuel », explicite Isabella Lenarduzzi, fondatrice du réseau Jump. « De l’inconscient, il faut devenir conscient. Pour les femmes, la liberté est un apprentissage. 50 ans de droits égaux, ce n’est pas grand-chose. Il est important qu’elles connaissent leur histoire collective pour analyser leurs propres choix, qui sont souvent des automatismes liés à leur éducation de fille et à la place donnée aux femmes dans la société. Quand on commence à comprendre, tout s’illumine. » Comme l’état des lieux de la place des femmes et des hommes et des salaires associés aux fonctions n’a pas encore été effectué dans les entreprises, le travail pour tendre vers la parité n’a pas réellement commencé, selon Dalila Larabi, responsable du département « genre » à la FGTB. La loi de 2012 sur l’égalité salariale appelle ainsi à rendre l’écart salarial transparent pour qu’il puisse faire l’objet de négociations. Cela implique de pouvoir analyser les revenus au regard des fonctions remplies, non seulement des intitulés de postes. « À compter de janvier 2018, une première loi impose l’égalité salariale en Islande sous peine de sanctions financières », remarque Dalila Larabi. « La loi belge est bonne mais inefficace, parce qu’il n’y a pas d’aspect contraignant. (...) Les réductions de cotisations ne vont jamais de pair avec l’égalité et là, le politique pourrait tout du moins intervenir positivement. » Les conditions de la répartition professionnelle La différenciation de traitement se met en place dès le plus jeune âge. À la maison, en société et à l’école, on attendra des filles qu’elles Pour les femmes, la liberté est un apprentissage. 50 ans de droits égaux, ce n’est pas grand-chose. Isabella Lenarduzzi (réseau Jump) soient plus sérieuses et discrètes. « Les professeurs seront plus sévères envers une fille qui oublie ses affaires, n’est pas concentrée ou fait du bruit en classe en s’exprimant fort », illustre Isabella Lenarduzzi. « Le fait qu’il y ait plus de femmes enseignantes ne change pas la donne parce qu’elles sont, comme les hommes, normées au niveau du genre. (...) Cela se traduit par de meilleurs résultats scolaires chez les filles, avec environ 60 % de diplômées dans les rangs féminins, au niveau national comme européen. » Dans les choix des filières, les jeunes femmes vont, BECI - Bruxelles métropole - avril 2018 45 © Thinsktock D.R.
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