28

INTERNATIONAL ENTERPRISE EUROPE NETWORK Investir dans des pays « fragiles » ? Oui, avec le soutien de l’Europe ! Une mise de 4,1 milliards d’euros, avec l’espoir de mobiliser dix fois plus d’argent, pour encourager l’investissement privé dans des projets de développement durable, en Afrique subsaharienne et dans les pays voisins de l’Europe. Tel est l’engagement pris par la Commission européenne via le Plan d’Investissement Extérieur (PIE) et son instrument financier, le Fonds Européen de Développement Durable (FEDD). Emmanuel Robert L e PIE, c’est en quelque sorte le « plan Juncker » appliqué au développement des pays d’Afrique subsaharienne et du voisinage européen – bassin méditerranéen et Europe orientale. Le principe est le même : mettre des fonds publics à disposition d’institutions financières partenaires, pour les aider à garantir des opérations, partager les risques et financer des prêts. Bref, débloquer de l’argent et obtenir un « effet de levier ». Le plan Juncker démontre que cela fonctionne : au 1er janvier, il avait déjà permis de lever 257 milliards d’euros (plus de 80 % de l’objectif), pour une mise initiale de 21 milliards en 2015. Dans le cadre du Plan d’Investissement Extérieur, ce sont 4,1 milliards d’euros qui sont alloués au FEDD pour mobiliser 44 milliards d’investissements d’ici 2020. C’est pourquoi l’instrument financier n’est que l’un des trois piliers sur lesquels repose le PIE. Le deuxième pilier est celui de l’assistance technique, afin d’aider les bénéficiaires à développer des projets matures, plus attractifs, davantage susceptibles de convaincre les investisseurs. Le troisième pilier, enfin, concerne le dialogue avec les pays partenaires afin d’améliorer le climat d’investissement et l’environnement des affaires. Une approche intégrée, au profit d’un développement plus inclusif et plus durable. L’un des principaux objectifs du PIE est en effet de créer de l’activité et de l’emploi dans les pays-cibles – bref, améliorer le bien-être des populations et s’attaquer ainsi aux racines des mouvements de migration qui aboutissent en Europe. Les besoins sont en effet criants : selon le Forum économique mondial, il manque 2.500 milliards d’investissements annuels dans les secteurs-clés du développement durable, si l’on veut atteindre les objectifs 2030 des Nations Unies. Le continent africain, à lui seul, aurait besoin de 200 à 1.200 milliards de dollars supplémentaires par an. Mais les investissements directs internationaux dans les pays en développement ont baissé depuis la crise financière de 2008. Pire encore : les pays qui en auraient le plus besoin restent dramatiquement sous-financés. En Afrique, moins de 10 % des investissements internationaux vont aux pays dits « fragiles », moins avancés, touchés par la violence – et encore sont-ils concentrés sur une dizaine de pays, les mieux dotés en ressources. Or, monter un business dans un pays fragilisé coûte jusqu’à trois fois plus cher. Convaincre les investisseurs y est plus difficile ; les risques sont plus importants ; les infrastructures font défaut… 26 BECI - Bruxelles métropole - avril 2018 Un portail pour guider les entreprises Et les entreprises ? Encouragées à investir, elles peuvent bénéficier des instruments du PIE à travers les institutions financières partenaires : Banque Européenne d’Investissement, BERD, Banque Africaine de Développement, etc. Les entreprises sont invitées à prendre contact avec ces institutions financières et à s’informer des instruments disponibles. Pour faciliter leur parcours, la Commission européenne a elle-même mis en place un « guichet unique » virtuel : un portail web où poser des questions, demander un financement et proposer des projets. Le secrétariat du PIE réorientera les demandes vers les institutions partenaires. Les projets éligibles doivent concerner les secteurs-clés du développement durable, tels que le PIE les a identifiés dans sa « première fenêtre d’investissement » : ce sont en priorité les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, la lutte contre le changement climatique et le soutien aux TPE et PME, mais aussi l’agriculture soutenable, les villes durables, ou encore la numérisation. ● Pour aller plus loin Voir https://ec.europa.eu/commission/ external-investment-plan_en ; ec-eip-efsd-secretariat@ec.europa.eu Contact : Jean-Philippe Mergen Tél. 02 210 01 77, jpm@beci.be © Thinsktock

29 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication