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Jacques Borlée et ses enfants. De gauche à droite : Jonathan, Olivia, Dylan, Jacques et Kevin Borlée. Jacques Borlée : « Il est grand temps que l’on travaille le quotient émotionnel » Ancien sportif d’élite, père et coach de quatre athlètes de niveau international, Jacques Borlée est aussi conférencier. Il parcourt le monde afin de partager la recette de sa réussite sportive avec le monde de l’entreprise. Pour lui, il faut y trouver davantage de coaches privilégiant l’émotionnel à l’intellectuel. Rencontre. Victor Lepoutre Bruxelles Métropole : Quel lien entre le monde de l’entreprise et celui du sport ? Jacques Borlée : Pour qu’il y ait un lien, il faut que l’entraîneur soit également un coach ou un mentor. Il faut qu’il ait une vision, c’est impératif. Il faut aussi créer une équipe soudée, car on ne gagne pas tout seul. Et il faut que les missions concernant l’ambition et l’innovation soient bien définies. Mais le plus important dans le domaine sportif, et ce qui n’est pas toujours réalité dans le domaine de l’entreprise malheureusement, c’est de donner de la considération, c’est-à-dire donner un influx. Il faut également tenir l’ambition dans le temps. Et, dans l’entreprise comme dans le sport, il faut garder les pieds sur terre. Cette vision est-elle le résultat de votre expérience personnelle ? Quand j’étais sportif, j’étais tout le temps dans l’innovation, et j’avais de l’avance dans beaucoup de domaines, que ce soit la diététique, la survitesse, etc., qui étaient importants et dans lesquels je ne me sentais pas suivi. J’avais l’impression que je ne pourrais pas y arriver. J’ai donc eu une bonne petite carrière internationale, mais je n’étais pas au top niveau, même si j’ai fait les Jeux Olympiques et une deuxième place aux championnats d’Europe. En plus de cela, ce qui me frustrait énormément, c’était tout l’aspect dopage qui était assez important à l’époque – et qui le reste d’ailleurs maintenant. J’ai donc beaucoup travaillé avec la technologie et l’innovation pour aller chercher la sensation. On vous fait bouffer de l’analyse, mais le sport de haut niveau, c’est avant tout de la sensation. Dans le monde du sport, il faut savoir gérer le cerveau à des vitesses vertigineuses ; 12 BECI - Bruxelles métropole - février 2018 il est vraiment capital de pouvoir travailler la sensation par le schéma corporel, la coordination, l’harmonisation du corps, les yeux, et le cerveau ! Le sentiment de fierté est également très important pour faire ressentir Le monde doit former de plus en plus de coaches. Les professeurs doivent devenir des coaches, et arrêter de simplement ‘donner’ leur savoir. cette sensation, aussi bien dans le sport que dans l’entreprise. Avoir un beau stade, avoir un beau parlement, avoir une belle entreprise : il faut que l’employé soit fier d’appartenir à son entreprise, qui a une image, qui a les valeurs qu’il défend. Il faut créer le calme et la sérénité et pour cela avoir beaucoup d’empathie, créer la réciprocité et être dans la clarté, puis s’engager. Et puis, il faut qu’on sente cette ambition et cette innovation, et ne pas oublier le positivisme. Retrouve-t-on ces valeurs dans le sport à Bruxelles? Quand on veut démolir un stade et tuer un Mémorial Van Damme pour organiser une coupe d’Europe de foot en Belgique, on fait chuter les notions de fierté. C’est un réel souci, car le stade Roi Baudouin fait rêver un jeune d’Ostende comme un jeune d’Arlon. Quand l’un ou l’autre arrive dans ce stade, il y a un effet subliminal. Le © Reporters

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