TOPIC rateurs du monde entier. Nous pouvons ainsi offrir quelques avantages supplémentaires à nos start-up et leur permettre notamment d’explorer gratuitement de nouveaux marchés internationaux. » D.R. Édouard Cambier estime que l’innovation ouverte, propre aux écosystèmes, incite les entreprises bien établies à évacuer proLa structure pyramidale aura disparu d’ici cinq à dix ans, au profit d’une organisation ‘moléculaire’ Édouard Cambier gressivement leurs conceptions traditionnelles de la concurrence. « Le travail en écosystème est une évidence pour les digital natives. Mes deux fils en attestent : ils ne rêvent pas d’une maison et d’une BMW. Ils aspirent plutôt à prendre part à un écosystème tel que le Plug and Play Tech Center de la Silicon Valley ou Station F à Paris. Notre monde est devenu à ce point complexe, et la technologie évolue si vite, qu’on ne peut plus se replier sur soi-même. Sans réseau, on n’est rien. Bien sûr, dans le passé déjà, les entreprises se rencontraient au sein d’un business club, mais ces contacts étaient mensuels, alors qu’un écosystème fonctionne sans interruption. » Les échanges intenses influencent petites et grandes entreprises, dans les deux sens. « On pourrait dire que les ‘grosses boîtes’ ont l’argent et les structures, et les petites plutôt les idées et le dynamisme », estime M. Cambier. « Les start-up perçoivent parfois les entreprises bien établies comme des vaches à lait, alors qu’elles ont plus à offrir que des moyens financiers : la réflexion à long terme, l’industrialisation, les processus etc. En revanche, ces grandes entreprises recourent encore trop souvent à des techniques obsolètes et une approche top-down dépassée. Les start-up ont une structure plus horizontale et une communication beaucoup plus directe. Mon associé Tanguy Peers, ancien numéro deux d’eBay, habite à San Francisco. On y travaille différemment. La moyenne d’âge des CEO est de 42 ans. Ils sont plus jeunes et plus innovants. Les entreprises d’ici suivront l’exemple ; ce n’est qu’une question de temps. La structure pyramidale aura disparu d’ici cinq à dix ans, au profit d’une organisation ‘moléculaire’. » Plutôt un speed boat qu’un superpétrolier « En tant que PME, nous préférons rester petit pour éviter les pesanteurs. Nous voulons être un speed boat qui se déplace très vite vers où l’entreprise et les clients veulent aller, plutôt qu’un superpétrolier pataud, que de multiples procédures empêchent de réagir rapidement à l’inattendu », dit Suyin Aerts, qui dirige avec son partenaire Dan Vandevoorde l’entreprise X-treme Creations (fournisseur depuis près de 25 ans de supports de communication gonflables tels que les arches publicitaires lors de courses cyclistes ou des décors de scène pour le festival Tomorrowland). « Je vois, dans notre pays, de nombreuses start-up qui tombent dans le piège. Elles sont poussées à la croissance. On leur fait croire qu’elles doivent devenir toujours plus grandes. L’essentiel pour moi est de rester aligné sur sa propre passion de chef d’entreprise et sur celle des collaborateurs. Si à un moment, le personnel ne suit plus, vous avez un problème. Peu importe la taille de l’entreprise : tout tourne autour des personnes. Certains chefs d’entreprise décident sans concertation. Ils ne doivent donc pas s’étonner du refus et de la rébellion des collaborateurs, dont l’avis n’a pas été entendu. » Suyin Aerts s’implique depuis des années dans le projet Plato du Voka, d’abord en tant que participante, aujourd’hui aussi comme marraine. Des représentants de grandes et petites entreprises s’y retrouvent régulièrement en divers groupes pour réfléchir. D’après Mme Aerts, Plato est en quelque sorte un écosystème. « C’est une combinaison idéale de réseautage et de formation. Les participants apprennent à se connaître mutuellement. Et cela vaut aussi pour leurs activités. Il en résulte parfois des symbioses, mais surtout beaucoup d’apprentissage par la confrontation aux récits des autres. Chacun est contraint de ralentir et de prendre le temps de la réflexion stratégique : ‘Que faisje ? Où en suis-je ?’ » D.R. Je vois de nombreuses start-up qui tombent dans le piège. On leur fait croire qu’elles doivent devenir toujours plus grandes. L’essentiel pour moi est de rester aligné sur sa propre passion. Suyin Aerts (X-treme Creations) Faciliter la création d’écosystèmes ; créer l’environnement où la startup pourra travailler en symbiose avec la grande entreprise, c’est aussi le rôle d’une organisation telle que Beci, par la mise en relation et l’accompagnement. ● BECI - Bruxelles métropole - janvier 2018 37
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