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INTERNATIONAL Préserver le commerce, après le Brexit EUROPE - GRANDE-BRETAGNE Le 11 décembre dernier, dans une démarche exceptionnelle, sept chambres de commerce européennes, dont Beci et Voka, ont lancé un appel commun aux négociateurs du Brexit pour encourager un accord qui préserve les intérêts commerciaux des deux côtés de la Manche. Les entreprises qui travaillent avec la Grande-Bretagne doivent toutefois se préparer à une relation différente. Amy Kessels et Emmanuel Robert D ébut décembre, les négociateurs européens et britanniques sont parvenus à un compromis qui ouvre la voie à une deuxième phase de négociation du Brexit. La perspective est désormais celle d’une sortie « ordonnée » de la Grande-Bretagne, avec une période de transition jusqu’en 2021. Certes, la dynamique semble constructive, mais beaucoup reste à faire et les écueils sont encore nombreux. C’est dans ce contexte que sept chambres de commerce de la zone nord-européenne, représentant 344 milliards d’euros d’échanges transmanche en 2016, soit 70 % du commerce UE-Royaume-Uni, ont lancé un appel conjoint aux négociateurs. Un appel à la clarté sur la future relation euro-britannique, et à l’organisation d’une transition réaliste, qui maintienne le statu quo jusqu’à la mise en œuvre d’un accord définitif. Une telle transition est nécessaire pour laisser aux entreprises le temps de s’adapter. Pour les signataires de l’appel, une chose est claire : l’absence d’accord serait « extrêmement indésirable » pour toutes les parties, car un tel scénario signifierait inévitablement des tarifs plus élevés, des procédures douanières plus lourdes, des délais plus longs… Rappelons que plus de 500 navires traversent quotidiennement la Manche, véritable trait d’union de l’Europe. Tout autour de la mer du Nord, de très nombreuses entreprises européennes sont intégrées dans les mêmes chaînes de valeurs, hautement dépendantes d’une gestion « juste à temps » que le moindre changement réglementaire peut gravement perturber. Toutes ces entreprises, qui participent directement ou indirectement au commerce euro-britannique, mais aussi intra-européen et euro-irlandais via la Grande-Bretagne, doivent se préparer dès que possible aux changements à venir dans la relation commerciale. Cependant, la plupart des grandes questions qui préoccupent les entreprises n’ont pas encore été abordées par les négociateurs. Des questions telles que les futures procédures douanières, l’étendue de l’alignement réglementaire entre le Royaume-Uni et l’UE, ou encore la reconnaissance mutuelle des agences de contrôle des normes et de la sécurité. Les sept chambres signataires appellent donc les négociateurs à entamer dès que possible la discussion afin de définir, dans les grandes lignes, la future relation commerciale euro-britannique. Une nouvelle relation qui, estiment-ils, « devrait respecter pleinement tous les aspects de l’intégrité du marché unique », dans la mesure où une Europe « ouverte et unie » est dans l’intérêt de tous. « À l’heure de la numérisation et de la mise en réseau, l’émergence de freins douaniers potentiels est un obstacle et un défi qu’il convient de surmonter dans les plus brefs délais, et ce, dans l’intérêt de Bruxelles et de toutes les parties concernées », ajoute le président de Beci, Marc Decorte. Des questions pour l’entrepreneur Mais, même si cet accord définitif est encore lointain, et même si l’incertitude reste grande, l’entrepreneur peut déjà poser les premiers jalons pour se préparer à la réalité « post-Brexit » – peu importe que ce Brexit soit « dur » ou « doux ». D’abord en définissant ses objectifs : le Royaume-Uni restera-t-il un partenaire commercial majeur, quoi qu’il arrive, ou bien l’entreprise a-t-elle intérêt à développer davantage d’autres marchés européens ? Et même si le Royaume-Uni reste un partenaire majeur, il y a sans doute intérêt à réfléchir déjà aux aspects juridiques des relations : quelle sera la loi applicable et dans quel cas ? Quelles seront les juridictions de recours ? Enfin, il faut aussi envisager l’adaptation à d’éventuelles fluctuations des prix, en fonction de possibles droits de douane. Beci, qui reste engagée dans le « High Level Group », chargé de conseiller les gouvernements belge et bruxellois dans leur stratégie Brexit, veillera à tenir les entrepreneurs bruxellois informés, mais aussi à les accompagner, pour les aider à se préparer aux implications du Brexit. ● BECI - Bruxelles métropole - janvier 2018 23

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