THINK TANK Comme le dit le philosophe Frédéric Worms, il faut renforcer les institutions de la critique. Christophe Van Gheluwe (Cumuleo) lande. « En théorie, la plupart des documents sont publics ; les exceptions sont rares. » Contrôle des compétences Tout aussi problématiques que le cumul des mandats : les recrutements dans la fonction publique. Marc Toledo (Trop is te veel) a fait du contrôle des compétences son cheval de bataille : il réclame l’organisation systématique de procédures « transparentes, objectives et impartiales (profil de fonction, appel public à candidatures, grille d’évaluation, jury indépendant) pour tous les recrutements et engagements dans la fonction publique, y compris locale, et dans les organismes d’intérêt public. » « La sélection pour l’engagement, la nomination ou la promotion des agents des administrations publiques ne peut s’effectuer que sur « Tous les mandats d’administrateurs ne requièrent pas le même niveau de compétences », observe Alain Eraly (Solvay Brussels School). « On pourrait créer un brevet incluant une formation – pas trop longue, par exemple six jours – et conditionner les mandats les plus importants à la détention de ce brevet. Pour les fonctions de direction, cela ne se discute même pas : la compétence doit primer ! » « La société et surtout la démocratie, ce n’est pas une entreprise ! », objecte Eric Corijn. « Les gens peuvent élire ceux qu’ils veulent. Cela dit, d’accord pour tout poste non électif dans l’administration ou autre. Et puis, je suis pour les mêmes règles dans le privé, surtout quand il s’agit d’entreprises familiales. » Cabinets et administrations La relation entre cabinets et administrations est identifiée comme un autre point névralgique. Une relation à « refonder », pour le profesIl faut des procédures transparentes, objectives et impartiales pour tous les recrutements et engagements dans la fonction publique. Marc Toledo (Trop is te veel) la base de critères exigeants de qualification et d’aptitudes professionnelles », insiste-t-il. « Des jurys indépendants doivent être mis sur pied, constitués de professeurs d’université et de hauts fonctionnaires. En aucun cas il ne peut être question d’une mise sous tutelle des pouvoirs publics, mais bien d’un contrôle qui soit exercé par la Cour des Comptes et la commission déontologie. » 18 BECI - Bruxelles métropole - décembre 2017 seur Eraly : « Les cabinets sont devenus une source d’affaiblissement de l’administration, qui réagit par la démotivation et la bureaucratisation. » Mais il prévient : « C’est trop facile d’imaginer qu’il suffirait de réduire ou supprimer les cabinets pour améliorer la situation. C’est par la dé-bureaucratisation de l’administration qu’il faut commencer : responsabilisation, formation, sanctions, etc. » Christophe Van Gheluwe (Cumuleo) fait de la réduction des cabinets une priorité : « Le modèle d’un cabinet restreint (quatre ou cinq personnes entourant le ministre), avec délégation des tâches à l’administration, me semble préférable aux cabinets pléthoriques que nous connaissons, avec tous les problèmes qu’ils posent (détachement, politisation de l’administration, nomination, etc.). La réforme Copernic avait cette ambition, mais elle a été sabordée… » Pour Eric Corijn (VUB), ce déséquilibre entre cabinets et administration « fait partie de la particratie belge, où une bonne partie des décisions dépendent d’accords et d’arrangements politiques. Cela va changer quand il y aura une recomposition politique par des glissements électoraux, d’une part, et d’autre part l’émergence de nouvelles formes politiques. » Simplifier les structures La réforme et la simplification des structures bruxelloises alimentent un autre volet de notre débat : l’appareil public bruxellois recense une Région, deux Communautés, 19 communes et leurs CPAS, 6 zones de police et 700 institutions publiques de tous ordres… « Un problème d’ADN de cette ville-région mal foutue, qui est ce qui reste de © Reporters © Reporters
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