47

TOPIC administratifs peuvent être particulièrement frustrants, au point de démotiver totalement certains candidats en phase de lancement. Il est indispensable de développer de bons contacts au sein des diverses instances. » Abdelah Ait Maskour travaille à Fez pour le groupe Orone (spécialisé en traitement externalisé de flux de documents). Il est directeur de production dans un centre de contact. Sa scolarité, il l’a faite en néerlandais et en français, successivement à Courtrai, Mouscron et juste au-delà de la frontière française. Il a obtenu un diplôme en biologie à l’ULB et a développé son expérience professionnelle entre autres chez Mobistar, avant de partir pour le nord du Maroc. Il remarque, lui aussi, que les personnes avec un profil comparable au sien sont très demandées. « Il n’est même pas nécessaire de connaître l’arabe », constate Abdelah. Bernard Poll, CEO d’Orone, explique que de plus en plus d’entreprises françaises et belges sous-traitent leurs processus de back office à des pays proches tels que le Maroc. « Un collaborateur tel qu’Abdelah constitue un lien idéal entre les entreprises en Belgique et les collaborateurs au Maroc. » Culture locale Atlas Copco, le constructeur de machines suédois qui emploie Zoubir, est présent dans 92 pays. Une entreprise aussi internationale a besoin d’une grande diversité culturelle au sein de son personnel pour conduire des activités à l’échelle mondiale. « Notre organisation est décentralisée. La responsabilité finale revient aux entités locales. Nous avons une bonne perception des cultures et marchés locaux », nous dit Kristian Vandenhoudt, Vice President Human Resources chez Atlas Copco. « Des collaborateurs tels que Zoubir nous sont donc précieux : ils connaissent les sensibilités de la culture locale et l’impact sur le marché et sur la façon de faire des affaires. En même temps, ils véhiculent la culture d’entreprise mondiale d’Atlas Copco. » Au rayon de ses atouts, Zoubir mentionne d’abord sa bonne maîtrise du… français, la langue des affaires au Maroc. « La connaissance de la culture et de la façon de travailler est aussi un avantage, bien sûr. Or, certains migrants de deuxième génération ont du mal avec la manière marocaine de travailler. Il faut par exemple beaucoup de patience auprès des services publics. Il n’est pas toujours possible de demander des documents en ligne, comme en Belgique. En outre, il est essentiel de négocier très précisément les délais de paiement avec le client. Sinon, vous pourriez bien attendre votre argent pendant plus d’un an. Les PME ont tendance à reporter leurs paiements le plus longtemps possible. Habituellement, c’est parce que leurs propres clients ont des problèmes de cash-flow. Bref, un cercle vicieux. » La vie sociale, là-bas ? « Pas tellement de différence avec celle au sein de la communauté marocaine en Belgique », estime Zoubir. « En matière de religion, on peut être moins vigilant. Pas besoin de demander si la nourriture est halal dans un restaurant au Maroc. Et vous pouvez prier où bon vous semble. Personne ne s’en offusquera. Le Maroc est La mondialisation élargira encore les possibilités de mobilité internationale. globalement très agréable, mais souffre d’insécurité. La criminalité est élevée. Il faut dire que dans certains quartiers de Casablanca, le chômage atteint des sommets. Pour certains, la seule façon de s’en sortir, c’est le crime. » Abdelah Ait Maskour apprécie beaucoup la vie à Fez. « Oui, bien sûr, le nombre d’heures de travail – 44 – est plus élevé au Maroc en Belgique, mais après le bureau, c’est une vie sociale très intense qui nous attend. Fez est une ville accueillante, familiale et dotée d’un climat agréable. Tous les magasins sont ouverts jusqu’à 22 heures. En Belgique, on a parfois peur d’ouvrir la boîte aux lettres à cause des factures. À Fez, le loyer mensuel d’un appartement de 60 m² se situe entre 250 et 300 euros. Et pour la nourriture, 100 à 200 euros par mois suffisent à entretenir facilement un ménage de trois personnes. » Citoyens du monde Zoubir et Abdelah sont tous deux très satisfaits du niveau des écoles francophones au Maroc. Les deux enfants de Zoubir ont même pu bénéficier de cours de néerlandais privés. Ce n’est malheureusement plus possible à Dubaï, où Zoubir est installé pour le moment. Il estime néanmoins que ces déménagements sont des expériences positives pour ses enfants. « Surtout dans le monde d’aujourd’hui, qui ressemble de plus en plus à un village. Ma carrière internationale prépare mes fils à devenir citoyens du monde. » En Belgique, siège d’Atlas Copco pour les compresseurs et la construction, l’entreprise accueille de nombreux expatriés qui y développent un réseau dont ils pourront faire le meilleur usage lors de leur retour au pays. « La poursuite de la mondialisation élargira encore les possibilités de mobilité internationale », prédit Kristian Vandenhoudt. « Le travailleur mobile à l’international sera mieux armé pour faire face à de nouveaux défis. » ● BECI - Bruxelles métropole - novembre 2017 45

48 Online Touch Home


You need flash player to view this online publication