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TOPIC Notre tradition du déjeuner d’affaires, très « bourguignonne », n’existe pas au nord de la frontière. « Aux PaysBas, on se contente d’un sandwich et d’un jus de fruits à l’heure du midi. Les Hollandais considèrent un déjeuner complet comme une perte de temps, à moins qu’il ne s’agisse de célébrer un événement : la conclusion d’un accord, par exemple. Nous estimons en revanche que le temps passé à table développe la relation et est un acte social. Ce n’est pas la perception des Hollandais : ils préfèrent manger au milieu des documents. Les discussions se poursuivent pendant le ‘repas’. » Avoir son mot à dire S’il y a des Néerlandais dans votre équipe, sachez qu’ils veulent pouvoir donner leur avis et être entendus. « C’est ce que nous appelons la ‘culture des polders’ : chacun doit avoir son mot à dire et la recherche de solutions se fait ensemble. En Belgique, c’est encore souvent le haut de la hiérarchie qui tranche. Et il est habituel chez nous de débattre de certains aspects avant la réunion... qui devient alors l’occasion d’exposer les petits arrangements pris au préalable. Voilà qui est totalement incompatible avec la méthode hollandaise. Aux Pays-Bas, les réunions servent à la concertation et à la discussion approfondie. De plus, les participants sont censés dire ce qu’ils ont à dire. Pas question de rectifier le tir a posteriori. » Les différences de management et de vision se sont clairement manifestées au cours des mois agités que vient de vivre Ahold Delhaize – issu de la fusion du groupe de supermarchés Koninklijke Ahold NV (propriétaire des magasins Albert Heijn) et du groupe belge Delhaize. « Les Hollandais ont une autre conception de la concertation entre employeurs et travailleurs que les Belges », explique Tom Vansteenkiste. « Nous sommes dans le registre conflictuel, alors qu’aux Pays-Bas, les deux parties cherchent une collaboration rmonieuse. Les représentants aux qui siègent dans les ils d’entreprise de sociétés hollandaises veulent contribuer ement à la santé de l’entreEn Belgique, on cherche plutôt la confrontation. C’est particulièrement évident chez Delhaize. Les syndicats s’effarouchent bien plus évolutions au sein du oupe que leurs homologues néerlandais. » Tom Vansteenkiste, directeur général de la NKVK. Une culture féminine Tom Vansteenkiste trouve une explication dans une étude du sociologue des organisations Geert Hofstede. « Il a étudié six dimensions dans lesquelles des différences de cultures peuvent se manifester. Il a notamment repéré trois différences significatives entre les Pays-Bas et la Belgique. La première concerne la distance de l’autorité. Les organisations hollandaises ont une structure horizontale, tandis qu’en Belgique, elle est hiérarchique. Les Hollandais se comportent de façon beaucoup plus informelle et supportent mal la hiérarchie. Il est tout à fait normal, dans les entreprises hollandaises, que les travailleurs aient un pouvoir de décision dans leur domaine de compétence. Les Belges, en revanche, ont l’habitude de s’en référer à leur supérieur hiérarchique. Ne perdez pas de vue que, lors de négociations, vos interlocuteurs hollandais veulent avancer vite. Lors de la fusion de Fortis et d’ABN Amro, les Hollandais ont eu un sérieux problème avec les rapports d’autorité. L’approche top-down des Belges leur était intolérable. » Un autre point de divergence est l’évitement de l’incertitude. « Les Belges excellent dans ce domaine. Ils n’ont que 25 % de confiance dans quelqu’un qu’ils ne connaissent pas, alors qu’aux Pays-Bas, ce taux est de 75 %. Les Belges veulent éviter autant que possible les risques dans leurs relations d’affaires, alors que pour les Hollandais, le risque en fait partie intégrante. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ces derniers n’assimilent pas les confrontations et les conflits à des menaces. Et la dernière dimension dans laquelle les Belges et les Hollandais divergent, est la ‘masculinité’. Les Pays-Bas ont une culture beaucoup plus féminine et des valeurs Le Belge se sent vite agressé personnellement. Le Hollandais, pas du tout : il vous envoie ses quatre vérités à la figure, en toute amitié. plus douces. La culture de concertation dite ‘des polders’ en constitue un bel exemple. Le travail à temps partiel pour les hommes y est beaucoup plus répandu que chez nous. On pourrait dire que la Belgique s’inspire davantage du style de management latin, alors que les Pays-Bas adoptent une attitude plus scandinave. Si la Belgique est le pays le plus septentrional de l’Europe du Sud, alors les Pays-Bas sont la nation la plus méridionale de l’Europe du Nord. » ● Pour en savoir plus Participez au séminaire « Cultuurverschillen in zakendoen België-Nederland », le 19 décembre prochain. Info : Tom Vansteenkiste, 02 209 04 77 tom.vansteenkiste@nkvk.be Inscription via le site www.nkvk.be BECI - Bruxelles métropole - novembre 2017 41 © Reporters

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