EDITO Londres, si proche À l’heure où nous écrivons ces lignes, Mme Theresa May a officiellement lancé le processus du « Brexit », en annonçant le déclenchement par la Grande-Bretagne du fameux article 50 du Traité de l’Union Européenne. Pour la première fois, un État membre de l’UE décide d’en sortir. Même si nous le déplorons, nous devons prendre acte de ce choix, démocratiquement exprimé dans les urnes. Par la loi de la géographie, la Grande-Bretagne n’en reste pas moins notre voisine. Elle est aussi l’un de nos principaux partenaires économiques, au 4e rang de nos échanges commerciaux – et même au 1er rang en dehors de la zone euro. La Grande-Bretagne, c’est 45 % du trafic du port de Zeebruges. C’est aussi 8 % des exportations de biens de la Région de Bruxelles-Capitale. Pas moins de 700 entreprises bruxelloises, totalisant 55.000 emplois, ont des échanges avec la Grande-Bretagne. La chute de la livre sterling et la perspective de droits de douanes transmanche représentent donc de sérieux risques, dont on aurait tort de sous-estimer l’impact potentiel sur notre économie – laquelle est certainement plus exposée que celles d’autres pays européens. Notre intérêt bien compris est donc de préserver autant que possible la relation économique avec la Grande-Bretagne – et c’est aussi l’intérêt des Britanniques. Car au-delà de cet épisode douloureux, nous ne devons pas oublier ce qui est en jeu : c’est la pérennité des principes du libre-échange, qui eux-mêmes sous-tendent le marché commun, fondement de notre prospérité ces soixante dernières années. Mais le Brexit, ce pourrait être aussi une opportunité pour Bruxelles. Avant tout, dans cette période de crise où les acquis européens sont mis en doute, Bruxelles doit réaffirmer son rôle de capitale européenne – qui reste son principal atout. Carrefour économique et politique, Bruxelles concentre les institutions internationales. C’est une ville cosmopolite et polyglotte, qui présente une forte densité d’universités et de hautes écoles. Qui offre aussi un vaste parc immobilier à des prix favorables. Last but not least, c’est la capitale la plus proche de Londres, à deux heures d’Eurostar à peine. Et puisque Brexit il y a, Bruxelles peut en tirer parti. Elle a même de sérieux arguments à faire valoir pour rapatrier les sièges de certaines institutions européennes, ou pour séduire des entreprises aujourd’hui basées à Londres et qui, elles, ne veulent pas se couper du marché européen. En particulier dans le secteur financier, où 4.500 institutions bancaires ont déjà une présence à Bruxelles. Pour relever ce pari, il faudra faire preuve de clairvoyance et de cohésion : il est indispensable que la Belgique parle d’une seule voix Thierry Willemarck, Président de BECI pour positionner sa capitale. C’est ce que réclame BECI, avec force. Il serait inadmissible que les intérêts de Bruxelles – principal moteur économique du pays – soient victimes des chicaneries belgo-belges. BECI - Bruxelles métropole - avril 2017 1
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