FOCUS la diversité, à créer des ponts entre les cultures. » La quatrième édition se dirigeait vers un succès et plusieurs chaînes de télévision avaient confirmé leur présence : BX1 (Télé-Bruxelles), la RTBF, même CNN. Mais le hasard peut jouer des tours cruels. Le soir des Diwan, l'arrestation de Salah Abdeslam est annoncée ; Il faut viser un impact à long terme, maintenir une dynamique dans le tissu bruxellois, proposer des exemples positifs de l'immigration. Hinde Boulbayem (Sumy) toutes les chaînes - à l'exception de BX1 - disparaissent pour aller couvrir l’événement, à quelques kilomètres de là. Alors que quelques organisateurs rassemblent 1.200 personnes, toutes les chaînes vont couvrir l'arrestation d'un seul homme. Pas de quoi doucher la bonne humeur, du moins pas durablement. Hinde Boulbayem, nominée dans la catégorie entrepreneur, n'a malheureusement pas remporté l’Award. Lors de la soirée, l'un des organisateurs avait glissé à Hinde : « ‘C'est impressionnant, des gens des quatre coins du monde ont voté pour toi. Les votes ont dépassé les frontières’. Mais bon, on était en compétition avec Quick, on savait que n'avions aucune chance même si, dans les dernières minutes, on se dit 'qui sait ?' ». Sans doute la politique de recrutement de Sumy a-t-elle joué un rôle, voulant user résolument des avantages de la diversité inhérente à Bruxelles, plutôt que de la voir comme une difficulté à surmonter. Les cinq continents se croisent dans les bureaux de l’entreprise à Neder-Over-Heembeek. « Pour certains, c’est un déclic » Quick, c'est Rachid Azaoum, ancien cadre de Quick, aujourd'hui à la tête de cinq franchises de la même enseigne et de Brico, qui a remporté le Diwan de l’entreprise. « Le concours souhaite inspirer les jeunes qui peuvent être en manque de repères et d'espoir. Leur donner des modèles, des personnes issues du même milieu, qui ont réussi leurs études et leur vie professionnelle, c'est leur donner de l'espoir. La Belgique est un pays qui donne la chance de s'intégrer, quelle que soit sa passion. » « Cet événement », poursuit Rachid Azaoum, « provoque des échanges avec des jeunes ou avec des personnes de tous les milieux professionnels et de toutes les langues, autant flamands que francophones. Pour certains, c'est un déclic. » Un déclencheur qui amène de la réflexion autant pour les jeunes que les nominés. « Une des participantes est magistrate à Namur », reprend Fatima Abbach. « Durant la cérémonie, de nombreuses jeunes filles l'ont assailli de questions : comment elle avait fait, son parcours... En discutant avec moi, elle me disait vouloir rencontrer ces jeunes, leur expliquer comment elle en était arrivée là. » Hinde Boulbayem abonde dans le même sens : « Les Diwan dégagent une reconnaissance sociale, une Je ne me définis pas comme quelqu'un de la diversité, même si j'en suis issu, mais comme un citoyen, qui s'engage Rachid Azaoum (Quick) forme de soutien. Lors de cette soirée, on rencontre des chirurgiens formidables qui sont enfants d'immigrés. Ils sont une preuve que tout est possible. Ce message est d’une importance cruciale pour les générations futures. Il faut viser un impact à long terme, maintenir une dynamique dans le tissu bruxellois, proposer des exemples positifs de l'immigration. » « Après les attentats, nous étions un peu démotivés », avoue Fatima Abbach. « Mais après mûre réflexion, nous allons continuer. Nous n'allons pas jouer le jeu de ceux qui veulent diviser. Il faut créer du lien entre les communautés bruxelloises. » Une bien belle histoire que soulignent les propos de Rachid Azaoum : « Il faut montrer un engagement citoyen. Je ne me définis pas comme quelqu'un de la diversité, même si j'en suis issu, mais comme un citoyen, qui s'engage. » Les cas concrets pour tisser du lien ne semblent, finalement, pas si difficiles à trouver. Ne manquent que quelques projecteurs. ● BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 33 © R.A. © R.A.
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