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TOPIC L’ENTREPRISE AU FÉMININ Complexe, l’égalité des chances au travail ! Genre, âge, origine, handicap... Les raisons de discriminer ne manquent pas et transforment en véritable défi le combat pour l’égalité des chances sur le marché de l’emploi. Nous avons demandé à Madame Bianca Debaets, Secrétaire d’État bruxelloise à l’Égalité des Chances, de nous éclairer sur sa politique. Interview par Annick Claus Bruxelles Métropole : Il reste tant à faire pour la diversité sur le marché de l’emploi bruxellois. Il est pourtant prouvé que cette diversité améliore les performances en entreprise. Que faites-vous pour la stimuler ? Bianca Debaets : Je suis heureuse de vous l’entendre dire. Oui, la diversité est un atout pour les entreprises. Elle les rend plus productives et plus créatives. À nous d’aider les organisations à s’en rendre compte. Un de mes grands défis consiste à mobiliser les chefs d’entreprise. Ils doivent comprendre que la discrimination gaspille le potentiel et l’énergie, mais aussi la rentabilité et la créativité. Les études situent le racisme principalement lors du recrutement, de la distribution des tâches et de la promotion. Parfois même à l’insu des employeurs. Le projet « Racism Game Over » offre une approche innovante, qui enseigne aux délégués syndicaux comment aborder le thème du racisme au travail. Qui faut-il interpeller ? Quels organes de concertation impliquer ? Comment entamer une médiation ? Nous avons aussi organisé une vaste campagne d’affiches et diffusé des dépliants contre le racisme. Comment percevez-vous la discrimination des femmes sur le marché du travail ? Les chiffres démontrent une rémunération inégale. Une femme gagne en moyenne 8 % bruts de moins à l’heure qu’un homme. Et même 21 % sur une base annuelle. Quant au plafond de verre, il n’a rien d’un mythe. Divers obstacles entravent l’arrivée de femmes à des fonctions de cadre ou de management. Nous voulons prêcher d’exemple en stimulant la flexibilité et le télétravail au sein de l’administration. Nous avons établi une charte contre la discrimination de la parentalité. Trop de femmes butent encore sur des refus de congés parentaux. Plusieurs grandes entreprises et même la Commission Communautaire Flamande (Vlaamse Gemeenschapscommissie – VGC) ont déjà signé ce document. Par ailleurs, il faut augmenter de 400 places la capacité d’accueil d’enfants néerlandophones, proposer des postes flexibles aux parents qui travaillent en rotation et organiser l’accueil après les heures d’école. On constate que l’origine influence le taux d’emploi à Bruxelles. Il est de 74 % parmi les Un de mes grands défis consiste à mobiliser les chefs d’entreprise. Ils doivent comprendre que la discrimination gaspille le potentiel et l’énergie, mais aussi la rentabilité et la créativité. personnes d’origine belge, mais seulement de 38 à 53 % parmi celles d’origine étrangère. Nous avons affaire à une stratification ethnique tant horizontale que verticale : les différences s’expriment non seulement en termes d’accessibilité au travail, mais aussi dans le développement professionnel. Que comptez-vous faire ? Ajoutons-y le chômage des jeunes à Bruxelles pour aborder les deux problèmes de front. Nous travaillons avec la Fondation Roi Baudouin à faire éclore les talents de jeunes bruxellois, à leur donner un coup de pouce et à ouvrir leur monde. Ils visitent des institutions, des entreprises et des ASBL pour développer la confiance en eux-mêmes. Nous leur montrons qu’une belle place les attend peut-être dans le monde de l’entreprise. Et puis, il y a l’initiative Capital Digital, qui familiarise au codage et à la programmation informatique des jeunes de 8 à 12 ans issus de milieux défavorisés. Ils bénéficient à chaque période de vacances BECI - Bruxelles métropole - octobre 2016 13 © Reporters

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