THINK TANK POUR OU CONTRE La réduction des parkings en voierie ? Projets de piétonnisation (chaussée d’Ixelles, centre-ville), rénovations qui réduisent ou suppriment les places de parking en surface (place Dumon, place Jourdan…) : le stationnement en voierie n’a plus la cote à Bruxelles. Un bienfait pour les piétons et les vélos ; un mal pour les commerçants ? Deux avis. Adrien Dewez Jeroen Verhoeven, Policy Officer BRAL (Brusselse Raad voor het Leefmilieu) Aujourd’hui, l’automobiliste dispose de moins d’espace pour sa voiture. C’est lié à la croissance du parc automobile car l’espace public, lui, n’augmente pas. De plus, la tendance est de redonner de l’espace aux piétons, cyclistes et transports en commun. Un mouvement que nous soutenons et qui est similaire à d’autres villes européennes. Mais beaucoup de gens résistent encore à ce changement, notamment parmi les acteurs économiques et commerciaux. Naturellement, les temps sont difficiles, mais la diminution de la place de la voiture est une réalité. Il faut que les commerces s’adaptent au contexte qui change, sous peine d’être remplacés par d’autres, mieux adaptés Mais réduire la place de la voiture offre aussi plus d’espaces, notamment pour des activités économiques, et permet une plus grande densité d’habitants dans l’espace urbain – qui sont autant de clients potentiels. Aujourd’hui, la politique de parking manque de rationalité : on paye peu pour une place en voirie et cher pour les parkings hors voirie. Or, une part significative du trafic est générée par des gens qui cherchent une place en voirie au lieu se diriger vers les parkings. Il faut aller vers une harmonisation des prix afin d’entraîner un changement d’habitude. Et in fine le trafic sera fluidifié, également au bénéfice du transport public, qui peut transporter plus de passagers dans l’espace limité de la ville. La réduction de la pression automobile va dans le sens d’une meilleure fluidité et d’un meilleur cadre de vie, plus attirant pour un plus grand nombre d’habitants. Mais nous ne sommes pas opposés à la voiture ; nous sommes plutôt favorables à une rationalisation du « mix » entre les différents moyens de transport. Et cela passe par un investissement dans les transports publics, pour répondre à la demande croissante. La STIB fonctionne déjà très bien mais la situation doit encore s’améliorer. L’argent récolté par l’augmentation des tarifs de parking dans l’espace public peut, par exemple, être réinvesti dans les transports et espaces publics. 6 BECI - Bruxelles métropole - septembre 2016 Atef Wahba, Président de l’Association des commerçants de la Porte de Namur Les places de parking sont un élément indispensable de l’activité économique et commerciale de la Région bruxelloise. Elles sont nécessaires pour assurer un service correct aux clients. Pour certains commerces, il est même obligatoire que leur clientèle bénéficie d’espaces de parking. Les diminuer, c’est comme dire aux gens « Ne venez pas au centre ». Dans notre activité quotidienne, nous le voyons et l’entendons avec nos clients qui nous disent : « Je vais arrêter de venir car c’est impossible de se garer ». Fondamentalement, nous ne sommes pas contre les transports publics. Dans le cas de la chaussée d’Ixelles, par exemple, nous nous sommes certes opposés au tram mais pour une série de raisons. Le système du tram ne fonctionnait pas sur cette voirie lorsqu’il était en usage il y a quelques dizaines d’années. Mais l’association de commerçants est demandeuse du métro dans le quartier. De plus, réaménager la chaussée d’Ixelles prendrait environ quatre ans de travaux : les petits commerçants ne tiendront pas et, d’ailleurs, les grandes enseignes partiront. C’est aussi le danger des travaux d’infrastructure qui peuvent avoir un impact négatif sur les petits commerces et, partant, sur le « mix commercial » dans son ensemble. Tant que les transports publics ne seront pas au top à Bruxelles, il faut conserver les places de parking afin de soutenir l’activité économique de la Région. Les parkings de dissuasion, présentés comme une solution, ne fonctionneront pas davantage. Personne ne prend sa voiture pour la déposer à Delta, par exemple, puis prendre un métro pour arriver dans un magasin. Cela fait trop de moyens de transport différents. Le client ira directement au Dockx ou à Waterloo, où il sera facile de se garer. Je le vois bien avec mes clients car j’ai des commerces dans et hors de Bruxelles. Le challenge, c’est l’infrastructure. Avant de penser à réduire les places de parking, il faut des transports publics efficaces. Ou alors on prend une position claire : on ne fait pas de commerce à Bruxelles et on fait autre chose…
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