Une taxe kilométrique est désormais d’application pour les poids lourds. Et bientôt pour les voitures ? MOBILITÉ & LOGISTIQUE La fin des embouteillages par la redevance kilométrique ? Une redevance kilométrique a été instaurée pour les camions en avril. Et si on faisait un pas de plus, en équipant toutes les voitures du système OBU (On Board Unit) couplé au GPS pour enregistrer les kilomètres parcourus ? La fédération belge de l’automobile Febiac y est favorable. T hierry van Kan, président de la Febiac, admet que, par rapport à la redevance « marchandises », la version automobile nécessiterait quelques adaptations. « Nous estimons que la redevance kilométrique devrait remplacer les diverses taxes actuelles sur la propriété d’un véhicule : taxe de mise en circulation, taxe de roulage annuelle et une partie des accises. Ce ‘tax shift’ ne peut, dans les faits, entraîner aucune majoration de l’imposition. N’obligeons pas le chauffeur moyen à payer davantage encore qu’aujourd’hui. » M. van Kan prône une redevance intelligente qui tiendrait compte du moment et du lieu d’utilisation de la voiture. « Il coûtera par exemple plus cher d’entrer à Bruxelles à huit heures du matin qu’à onze heures. Et si votre destination est une ville modeste telle qu’Arlon ou Deinze, le tarif sera aussi réduit. Je suis convaincu que cette mesure diminuerait de 6 % le trafic dans les embouteillages. Et quand on sait qu’avec 5 % de voitures en moins, les encombrements routiers s’éliminent d’eux-mêmes... » Investir dans la mobilité Le président de la Febiac insiste : c’est une redevance, pas une taxe ! Les revenus – estimés à 3,6 milliards – doivent servir directement aux investissements dans la mobilité. « Une taxe serait noyée dans l’ensemble des perceptions d’impôt », craint-il. « Selon nos calculs, quelque 500 millions pourraient être affectés aux transports en commun. N’y voyons pas une majoration du budget des opérateurs de transports publics, mais plutôt le moyen d’inciter les gens à adopter les transports en commun. Nous pourrions par exemple rendre le budget mobilité des travailleurs fiscalement plus avantageux. Une autre partie de l’argent servirait à l’amélioration du réseau ferroviaire, du métro et des routes – notamment le Ring de Bruxelles. Il pourrait financer 32 BECI - Bruxelles métropole - septembre 2016 Peter Van Dyck des systèmes informatisés, notamment pour des feux de signalisation intelligents. Inspirons-nous des Pays-Bas, qui ont développé, il y a 20 ans déjà, une stratégie de mobilité. Résultat : trois fois plus d’investissements dans l’infrastructure routière qu’en Belgique ! Les flux du trafic y sont beaucoup plus fluides, malgré l’accroissement du parc automobile. Et puis, il y a le stationnement. Nous pensons à de nouvelles initiatives Park & Ride aux abords des gares et en périphérie urbaine. » Les inconvénients du péage urbain La redevance verrait la fin de l’imposition du propriétaire. « La seule taxe que l’utilisateur paie actuellement, ce sont les accises sur le carburant, sans influence sur l’encombrement routier », constate Thierry van Kan. « Voilà l’atout de la redevance kilométrique : elle modifie le comportement de l’utilisateur. Il est évident qu’un péage urbain, tel qu’à Stockholm ou à Londres, incite aussi les gens à opter pour des alternatives à la voiture – les transports en commun, le vélo... – mais un tel péage ne convient pas trop à nos villes. Bruxelles et Anvers se caractérisent par leur grand nombre de navetteurs. Et ce péage handicaperait les commerçants. Une redevance générale nous semble nettement plus démocratique. » La redevance kilométrique pourrait non seulement varier en fonction du moment et du lieu, mais aussi s’adapter aux revenus de l’utilisateur (pour compenser les inégalités sociales) et aux performances écologiques du véhicule (promotion des véhicules propres). « Notre calcul prévoit une correction sociale de l’ordre de 600 millions d’euros », précise Thierry van Kan. « Nous pensons à des chèques transport pour les personnes à faibles revenus ou dont la profession ne permet pas d’éviter les heures de pointe. » Quelques chiffres concrets de l’étude Febiac : un tarif de base de 3,7 cents/km pour un véhicule léger (essence).
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