TOPIC MOBILITÉ & LOGISTIQUE « Bruxelles mérite un métro rationnel » : et si L’Écho avait raison ? En juin dernier, parmi « 12 idées pour s’en sortir », L’Écho proposait « Un métro rationnel ». Un titre paradoxalement prudent pour une proposition plutôt ambitieuse à 12 milliards d’euros. Si l’idée n’est pas neuve, elle prend un sens opportuniste : un petit air de Brexit nous pousse en effet à penser qu’il est urgent de relancer le débat. Mettons-nous pour l’occasion dans la peau de Mr. Smith, l’agent fictif en charge de la relocalisation de la non moins fictive « Bank of Europe ». Vincent Campeol L a prospection aurait pu mieux commencer pour Mr. Smith : une simple requête dans Google lui apprendra vite que Bruxelles fait face à un problème majeur et structurel ; les bouchons y sont légion. Pis, il aura suffi de quelques mois de Belgium bashing pour polluer les premières pages de Google. Au risque de paraître alarmiste, il y a effectivement des détails qui ne trompent pas ; les records de congestion, la culture belge de la paire « voiture de société + villa », la fiscalité d’un autre temps, la complexité institutionnelle, et le manque flagrant de coopération entre les niveaux de pouvoir sont autant de signaux peu flatteurs vus de l’extérieur. Un signal est au vert tout de même ; les mentalités évoluent. Ceux qui étaient autrefois réfractaires au changement et au passage du transport public sous leurs communes s’en mordraient presque les doigts aujourd’hui. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un rapide coup d’œil sur le développement de l’Est de Bruxelles autour du métro. « Pourquoi n’a-t-on pas reproduit ce schéma sur l’ensemble de la Région ? » se demande Mr. Smith. Un manque de volonté politique sans doute, mais aussi de moyens... et les 5,2 milliards du Plan décennal d’investissement pour le transport en commun le rassureront 5 minutes, jusqu’à ce qu’un conseil avisé ne lui ouvre les yeux (voir encadré). Dommage car l’accessibilité est son critère de choix n°1 pour un nouveau pied-à-terre sur le continent... Et si Bruxelles est évidemment très accessible en avion ou en train, il en va tout autrement pour les trajets intérieurs de courte et moyenne distance. Hormis sur les principaux axes, Est-Ouest et Petite Ceinture, n’espérez pas traverser la capitale en moins de 20 minutes comme c’est possible à Paris ou à Londres. C’est encore Google qui le dit. Le métro, une obsession d’investisseur monomaniaque ? Pas tout à fait. Imaginez un Bruxelles sans les investissements consentis dans le (pré)métro pendant 20 ans, depuis le milieu des années 60. Ce n’est plus au podium européen des villes les plus embouteillées que nous aspirerions, mais Le métro bruxellois de l’avenir, vu par L’Écho bien au mondial. Certes, c’est aussi à cette période que la dette publique s’est envolée, mais le retour sur investissement se ressent encore aujourd’hui. Une capitale a besoin d’infrastructures efficaces et structurantes pour rivaliser sur un marché libre et ouvert. Mr. Smith vous le confirmerait... Vu de Bruxelles, cette « obsession » peut paraître en décalage avec les « réalités du métier ». Mais l’inverse aussi se vérifie ; vu de l’étranger, le formalisme bruxellois semble également en décalage avec certains principes de politique économique ! Ce formalisme, c’est celui qui impose d’avancer graduellement dans les modes de transport à développer. Un bus saturé engendre un bus articulé, un bus articulé saturé engendre un tram, un tram saturé engendre un tram à haut niveau de service qui, saturé, deviendra lui-même, un jour, un métro (si tout va bien). Mr. Smith pense qu’il faudrait de temps en temps déroger à la règle. Et parce qu’un exemple vaut mieux qu’un long discours, attardons-nous sur le cas de la ligne 71. Opter dès mainte BECI - Bruxelles métropole - septembre 2016 21
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