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TOPIC FINANCER L’ENTREPRISE Monter son entreprise grâce au microcrédit Concept acclamé dans les pays du Sud, le microcrédit existe aussi dans nos régions. Il permet à des personnes physiques et à des indépendants exclus du système de crédit bancaire traditionnel de trouver les financements dont ils ont besoin pour monter leur activité. Grâce au microcrédit, des dizaines de Belges fondent chaque année leur « toute petite entreprise ». Enquête. L ancer son entreprise lorsqu’on ne dispose que de peu (ou pas) de fonds propres ou qu’on est au chômage n’est pas une mince affaire. D’autant que, depuis la crise financière, les institutions bancaires sont devenues de plus en plus frileuses dans l’octroi des crédits. Lorsqu’on a une bonne idée et l’envie d’entreprendre, mais pas de soutien financier, le microcrédit peut être une option intéressante. Le droit d’entreprendre pour tous « MicroStart promeut une vision où chaque homme et chaque femme, quel que soit leur revenu, leur niveau d’éducation ou origine, disposent d’un droit fondamental à l’initiative économique qui leur permet de prendre leur destin en main », commence Patrick Sapy, directeur général de MicroStart. Composé d’une coopérative à finalité sociale et d’une asbl, MicroStart finance, par des petits prêts, les personnes qui souhaitent créer ou développer une petite entreprise. « Notre particularité est de nous concentrer sur les chômeurs et allocataires du CPAS, ainsi que sur les personnes issues de l’immigration, qui sont souvent les premiers exclus du système de crédit bancaire. 70 % de nos demandeurs sont nés à l’étranger, 14 % ont des difficultés de lecture et d’écriture et 54 % n’ont pas dépassé les études secondaires. Des caractéristiques qui n’influencent en rien leur fiabilité, comme le prouve le taux de remboursement (92 %). » L’an dernier, MicroStart a accordé 869 microcrédits d’un montant moyen de 7.400 euros pour une somme totale de 6,4 millions d’euros. En Wallonie et à Bruxelles, Crédal est aussi l’un des acteurs historiques de ce secteur. Crédal a pour finalité de promouvoir une société plus juste et solidaire, particulièrement en ce qui concerne l’usage de l’argent. « Le cœur de notre activité est de prêter l’argent placé chez nous à des associations et entreprises à plus-value sociale, sociétale, culturelle ou environnementale, à des (futurs) entrepreneurs exclus du crédit bancaire et des particuliers aux revenus modestes », explique Bernard Horenbeek, directeur de Crédal. Crédal propose ainsi aux entrepreneurs des crédits d’investissement, de fonds de roulement ou de trésorerie d’un montant maximum de 15.000 €. En 2014, 1,1 million d’euros ont été accordés à des projets entrepreneuriaux par le biais de 147 microcrédits professionnels. 32 BECI - Bruxelles métropole - avril 2016 Un microcrédit, pourquoi ? À la base du microcrédit, on trouve l’exclusion du crédit bancaire. « Les causes en sont multiples », poursuit Bernard Horenbeek. « 60 % de nos clients sont allocataires sociaux, 10 % n’ont pas Depuis deux ans, nous constatons une part grandissante de candidats âgés de plus de 50 ans (Bernard Horenbeek, directeur de Crédal) d’historique entrepreneurial et les 30 % restants présentent un manque de garantie ou de fonds propres ou sont fichés pour défaut de paiement. » Quant aux secteurs d’activité, plus de 40 % des projets concernent l’horeca, le commerce de détail et le transport. Cela va du magasin de couches lavables au photographe ayant besoin d’un mât télescopique pour faire des clichés semi-aériens, en passant par une restauratrice de vitraux et un exportateur de bière belge au Japon. Un microcrédit, pour qui ? A priori, le microcrédit professionnel s’adresse à tous les futurs entrepreneurs exclus du crédit bancaire traditionnel. Chez Crédal comme chez MicroStart, les entrepreneurs, dont une majorité sont des hommes (environ 60 %), ont en moyenne 40 ans. « Depuis deux ans, nous constatons cependant une part grandissante de candidats âgés de plus de 50 ans », commente Bernard Horenbeek. D’autre part, si une partie de ce public comprend surtout des personnes qui se lancent après un parcours professionnel salarié, l’arrivée d’un public jeune, enthousiaste et motivé se confirme. « En 2014, un quart de nos entrepreneurs avaient en effet moins de 30 ans. Le contexte du marché de l’emploi actuel, particulièrement difficile pour ces tranches d’âge, explique probablement ce phénomène. » Gaëlle Hoogsteyn R.A.

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