INTERNATIONAL Comment accéder aux aides européennes ? ENTERPRISE EUROPE NETWORK Les entreprises européennes, et singulièrement les PME, souffrent d’un sous-financement endémique depuis la crise financière de 2008. Ces dernières années, l’UE a mis les bouchées doubles pour les soutenir, notamment via le programme Cosme et tout récemment le « plan Juncker » – sans oublier d’autres programmes destinés à soutenir les entreprises dans leur secteur d’activité, comme Life, Erasmus+, Connecting Facility Europe, Creative Europe... Cependant, beaucoup d’entreprises croient ces aides hors de portée. Comment y accéder ? Emmanuel Robert «D epuis 2014, l’Union Européenne a mis en place de puissants outils de soutien au développement de l’économie », explique Stéphane Joiris de Caussin, expert en programmes européens de financement. « Des soutiens sous forme de garanties bancaires, de prise de participation ou de prêts directs. Différents outils sont notamment réunis à travers le programme Cosme. En fonction des montants, il permet de soutenir des projets allant de 500.000 à 2 millions d’euros, voire moins – des budgets taillés pour les PME. À cela vient de s’ajouter le nouvel EFSI (European Fund for Strategic Investments, mieux Très souvent, en travaillant le dossier en amont, on peut l’ajuster, le faire ‘rentrer dans les clous’ et augmenter très sensiblement les chances d’obtenir un prêt ou une aide. (Stéphane Joiris de Caussin) connu sous le sobriquet de ‘plan Juncker’, ndlr), qui propose 21 milliards d’euros de garanties bancaires via la BEI, la Banque Européenne d’Investissement. Avec l’effet de levier, ce sont 315 milliards d’euros mobilisables. » Les moyens sont donc présents. Pour beaucoup d’entreprises cependant, les aides européennes paraissent abstraites, lointaines… Comment les obtenir ? Pour les PME, l’accès passe le plus souvent, voire exclusivement, par les banques, via des conventions conclues avec la BEI. « Le problème des banques, aujourd’hui, n’est pas un problème de liquidités. L’argent est là », reprend Stéphane Joiris. « C’est un problème de risque, séquelle de la crise financière. Et c’est là qu’interviennent les programmes 16 BECI - Bruxelles métropole - avril 2016 européens : pour permettre aux banques de prendre à nouveau des risques, en garantissant les prêts. » Stéphane Joiris En dehors de certains prêts directs pour de grands projets, ce n’est donc pas la BEI qui prête de l’argent aux entreprises : ce sont les banques. Et même avec des garanties européennes, celles-ci doivent évaluer les risques. On ne peut pas les en blâmer : leur rôle est aussi de veiller aux intérêts des déposants qui leur ont accordé en confiance. D’ailleurs, les garanties de la BEI sont elles-mêmes subordonnées à une analyse des risques sociaux, environnementaux, financiers des projets... Et c’est souvent là que le bât blesse… Aider l’entreprise à se préparer « On voit régulièrement de bons projets, qui pourraient être éligibles mais qui ne sont pas retenus parce que certains éléments du dossier ne répondent pas aux critères de la BEI », admet Stéphane Joiris. « Ce n’est pas une fatalité. Très souvent, en travaillant le dossier en amont, on peut l’ajuster, le faire ‘rentrer dans les clous’ et augmenter très sensiblement les chances d’obtenir un prêt ou une aide. Mais pour cela, les entreprises ont besoin d’un accompagnement. » C’est l’une des missions d’Enterprise Europe Network : aider l’entreprise à s’orienter dans les programmes européens, à choisir les meilleurs instruments, et préparer son dossier, avant même d’aller voir son banquier. « Nous formatons le dossier en fonction des critères d’évaluation européens et, en cas de besoin, nous accompagnons l’entreprise auprès des bons interlocuteurs. Plus d’une fois, cette préparation nous a permis de débloquer un dossier auprès des banques – parfois même sans mobiliser de garanties européennes. Pourquoi ? Parce que la mise à niveau du dossier, en travaillant par exemple l’impact environnemental ou la situation financière de l’entreprise, permettait de convaincre un banquier, au départ réticent. » ● Info : Jean-Philippe Mergen, 02 210 01 77 – jpm@beci.be. R.A.
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