ENTREPRENDRE TRANSITION Abattoir s.a. (se) dessine un avenir radieux à Anderlecht Le concept des fermes urbaines n'est plus un rêve. C'est une réalité qui est en train de se construire à Anderlecht sur le site des abattoirs, contribuant à faire encore un peu plus de Bruxelles une terre décidément de plus en plus marquée par les projets dits « de transition ». Johan Debière Y -a-t-il une place pour les fermes urbaines au cœur de Bruxelles ? Oui, si l'on en croit la confiance accordée par les responsables du Feder. Ceux-ci ont en effet décidé de délier les cordons de la bourse en octroyant un nouveau subside d'un peu moins de 10 millions d'euros au projet Manufakture Abattoir après avoir accordé une première enveloppe qui a permis de développer un projet de halle alimentaire entre 2007 et 2013. Il s'agit cette fois de permettre la construction d'un nouvel abattoir sur une partie non bâtie du site. Bâtiment qui comprendra, outre l'abattoir proprement dit, un espace d'accueil pour les PME actives dans l'agro-alimentaire, du logement, mais aussi et surtout une ferme urbaine conçue en toiture, qui a nécessité d'adapter toute la structure. Paul Thielemans, chargé de relations publiques au sein de la société Abattoir, explique : « Lorsque le cabinet d’Evelyne Huytebroeck, alors Ministre bruxelloise de l'Environnement, a lancé un appel à projet pour la création d’une ferme urbaine à Bruxelles, nous avons réagi positivement et proposé un concept sur la toiture de notre nouveau bâtiment, avec restaurant. Parmi plusieurs dossiers de candidature, notre projet a été retenu. Nous avons fait réétudier toute la structure au niveau de la stabilité, du poids que pouvait porter ce toit. Et nous avons revu toute la logistique intérieure avec notamment des ascenseurs capables de livrer des marchandises sur le toit. » Un projet en aquaponie Démarré en 2013, le deuxième chantier vient à peine de se terminer. Ne restent à régler que quelques détails et des finitions au niveau logistique pour le toit, qui sera à terme divisé en deux zones : l’une en plein air ; l’autre en aquaponie, dans un bâtiment fermé comprenant des serres et des bassins, associant la culture de fruits, de légumes et d'herbes aromatiques avec l'élevage de poissons. Une spin-off suisse, spécialisée en aquaponie, a déjà fait part de son intérêt par l’intermédiaire d’une société bruxelloise, mais rien n’est encore finalisé. Une « zone d'arrivage » qui donne sa chance à tous Au-delà de la dimension durable de ces projets, les responsables d'Abattoir ont parfaitement conscience du rôle social qu'ils peuvent jouer dans une zone urbaine comme celle d'Anderlecht. « Le pôle donne déjà de l'emploi à environ 700 personnes, si l'on compte les maraîchers et les gens qui vivent autour des marchés », souligne Paul Thielemans. Et le porte-parole d'Abattoir d'ajouter que le site se trouve au beau milieu d'une « zone d'arrivage » : « Beaucoup de gens arrivent ici en provenance de pays pauvres et doivent construire une vie à partir de zéro, ce qui est loin d'être facile. Ici, suffisamment de choses existent qui leur permettent de commencer petit et de démarrer. » À cet égard, Paul Thielemans souligne d'ailleurs que beaucoup de commerçants ont commencé en faisant les marchés, lorsqu'ils étaient jeunes. Certains d'entre eux ont saisi leur chance et sont devenus de grands grossistes en fruits et légumes. Pour ajouter une couche de plus à ce substrat décidément bien fertile développé en toiture, Abattoir ambitionne enfin d'ouvrir un restaurant de qualité où pourraient se sustenter les touristes, les personnes intéressées par le concept de ferme urbaine, voire même un public d'hommes d'affaires à la recherche d'une bonne adresse. « Peut-être pourrons-nous y faire venir un chef étoilé », conclut même Paul Thielemans qui ajoute ● BECI - Bruxelles métropole - octobre 2015 55
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