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TOPIC l'aventure Favi menée par Jean-François Zobrist qui résume sa méthode de management par une formule lapidaire : « Le management, ce n'est pas faire, c'est laisse faire pour que les choses se fassent d'elle-même ». Une bonne innovation, c'est une désobéissance qui réussit. (Michel Munzenhuter) Condition de succès: une foi en l'homme certaine, oser prendre l'initiative d'une démarche complète et non de surface, avoir la patience de la voir mûrir et affronter les réticences d'un environnement conformiste. Le malheur dans le travail Dans Le Droit à la paresse, paru en 1880, Paul Lafargue entend démonétiser la valeur travail, si bien enseignée à un prolétariat misérable que celui-ci en vient à ne plus s'apercevoir qu'elle est la source de tous ses maux, allant même jusqu'à revendiquer un « droit au travail » sans s'apercevoir qu'ils s'agit d'un « droit à la misère » car « Les travailleurs euxmêmes, en coopérant à l'accumulation des capitaux productifs, contribuent à l'événement qui, tôt ou tard, doit les priver d'une partie de leur salaire6 . » L'ouvrage est une réaction émotionnelle aux conditions de travail qui marquent l'avènement de l'industrie, mais aussi une analyse pertinente d'un cycle économique délétère et foncièrement absurde. Le progrès technique, au lieu de libérer du temps libre pour l'homme, met celui-ci en concurrence avec la machine. Il s'ensuit une course à la productivité génératrice de plus de travail. L’augmentation exponentielle de la production « contraint » dès lors la classe possédante à travailler moins encore, en occupant notamment plus de gens à son service personnel (le nombre d'employés de maison devient égal ou supérieur aux forces vives de la nation) et en surconsommant. Mais un prolétariat trop bien endoctriné par la valorisation du travail et ulcéré d'injustice renvoie le mot d'ordre qu'on lui a trop souvent assené : « qui ne travaille pas ne mange pas ! », cri de colère aux accents de révolte que le bourgeois voudra bâillonner en créant quantités « […]de prétoriens, de policiers, de magistrats, de geôliers entretenus dans une improductivité laborieuse » qui participent par ailleurs à la consommation nécessaire de l'excès de biens produits ; celle-ci est encouragée également dans les colonies, sinistre commerce international avant l’heure, où dominera aussi la classe des « petits chefs » : « […] le grand problème de la production capitaliste n'est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces, mais de découvrir des consommateurs, d'exciter leurs appétits et de leur créer des besoins factices » ; « […] les capitaux abondent comme les marchandises. Les financiers ne savent plus où les placer ; ils vont alors chez les nations heureuses qui lézardent au soleil en fumant des cigarettes, poser des chemins de fer, ériger des fabriques et importer la malédiction du travail. » Ce qui interrompra l'absurde spirale ne viendra paradoxalement pas de la classe laborieuse (« le vice du travail est diaboliquement chevillé dans le coeur des ouvriers »), mais d'industriels qui demanderont une limitation de la journée de travail après avoir constaté que cette mesure appliquée en Angleterre menait à une productivité supérieure (lorsque le seuil de fatigue et d'hébétude complète de l'ouvrier n'était pas franchi quotidiennement) et que cela libérait un temps potentiel de consommation. C'est sur base de cette expérience que Lafargue préconisera la mécanisation du travail et la journée de 3 heures ; avant mieux sans doute, à l'exemple divin que cet athée se plaisait à répéter : « Jéhovah, le dieu barbu et rébarbatif, donna à ses adorateurs le suprême exemple de la paresse idéale: après six jours de travail, il se reposa pour l'éternité ! ». Mais, comme le dit Michel Munzenhuter (patron de la société alsacienne SEW Usocome), qui a lui aussi appliqué avec succès cette nouvelle organisation du travail à son entreprise : « Une bonne innovation, c'est une désobéissance qui réussit5 ». ● 5 Extrait sur https://www.youtube.com/watch?v=lGShsSQatN8 6 Texte en ligne disponible sur: https://www.marxists.org/francais/lafargue/works/1880/00/lafargue_18800000.htm BECI - Bruxelles métropole - octobre 2015 25

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