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BECI | livre blanc diversité Quelle est votre fonction au sein de votre entreprise ? « Je suis administrateur délégué de Daoust, une entreprise familiale fondée par mon père il y a 60 ans. En interne, Daoust emploie 250 personnes. Notre métier de base est le placement d’intérimaires, mais au fil du temps nous avons élargi notre gamme de services à d’autres aspects des ressources humaines. Ainsi, nous proposons aussi des prestations en titres-services (nous avons environ 3.500 aides ménagères au travail), de l’outplacement, de l’aide à la sélection du personnel et du job coaching. Nous essayons, sur le marché du travail, d’accompagner toutes les personnes, des plus jeunes aux plus âgées, sans aucune discrimination quant aux origines, à la religion, etc. » Quelle est la philosophie de Daoust en termes de diversité ? « L’intérim a toujours été un métier très intégrateur de personnes de toutes origines. Mais la diversité, ce n’est pas que les personnes étrangères qui cherchent un emploi, c’est aussi une égalité hommes/femmes, jeunes/vieux,… Nous nous efforçons de respecter les principes de neutralité et de non-discrimination sous toutes ses formes, par rapport à des critères tels que le sexe, l’âge, le pays d’origine, la race, la couleur de peau, l’origine sociale, l’orientation sexuelle, le handicap et la conviction religieuse ou philosophique. Nous sommes en effet convaincus que : • Chaque personne a droit aux mêmes chances sur le marché du travail lors de la recherche d’un emploi, quelles que soient sa provenance, ses caractéristiques ou ses particularités. • La mise en commun et la combinaison de différents types de personnalités et visions, dans le respect des valeurs de chacun et le non-jugement, sont enrichissantes pour tous. • Une gestion proactive de la diversité impliquant la direction et l’ensemble des collaborateurs a une influence positive sur les prestations fournies par l’entreprise ainsi que sur son image. » Quelles actions en diversité avez-vous menées ? « Dans notre métier, nous avons toujours pris des engagements de qualité par rapport à notre clientèle, c’est-à-dire que nous cherchons la personne qui convient le mieux pour le travail demandé. Lors du recrutement, afin de garantir l’égalité des chances pour tous, nous travaillons avec un test de sélection non discriminatoire et exclusivement axé sur l’évaluation des compétences et des qualifications. Mais cette action n’était pas ‘cadrée’, tout était un peu informel. Suite à l’actualité et à divers scandales relayés dans la presse, nous avons décidé de formaliser notre politique. Nous avons donc établi une charte sur la diversité qui a été signée par tous nos employés, s’engageant ainsi à la respecter. Nous avons aussi mis en place une cellule chargée de veiller à la diversité en interne. Cette cellule, composée de 5 personnes (la directrice des ressources humaines, une consultante de terrain, une recruteuse interne, un délégué syndical et la responsable de notre département Responsabilité sociale), se réunit une fois par mois pour examiner la problématique en interne. Quel est le profil moyen du personnel ? Quelle est la pyramide des âges ? Y a-t-il eu des plaintes ? Des désaccords ? Que peut-on faire pour y remédier ? Quand on a une plainte pour discrimination déposée par un intérimaire ou une employée titres-services, cette cellule s’occupe 40. Institut pour l’Egalité des femmes et des hommes. Bonnes pratiques. Voir : http://www.iefh-action.be/ aussi d’investiguer, de voir ce qu’il en est et des mesures à prendre. S’il y a réellement eu discrimination, nous tentons de convaincre le client que cette pratique n’est ni dans son intérêt, ni dans notre politique d’entreprise. Mais avec le temps, cela arrive de plus en plus rarement. Daoust est aussi certifiée ISO et nous disposons d’un département Responsabilité sociale qui est en relation avec les départements Responsabilité sociale de nos clients et fournisseurs. » Avez-vous constaté des effets positifs ? Si oui, lesquels ? « Oui, sans aucun doute. Une première preuve concrète est la diminution du nombre de plaintes pour discrimination. En 2014, nous avons reçu une plainte sur les 25.000 personnes mises au travail. Du côté de la clientèle, nous ressentons aussi de plus en plus la disparition de réflexes discriminatoires à l’embauche. Je suis d’ailleurs heureux de constater que cette tendance n’est pas limitée à notre entreprise, mais s’étend au monde du travail en général. De par l’évolution des générations, les recruteurs sont aujourd’hui des jeunes qui ont toujours côtoyé des personnes de toutes origines, qui ont étudié avec elles et qui sont beaucoup plus ouverts qu’on ne pouvait l’être il y a 20 ou 30 ans. Aujourd’hui, c’est la discrimination qui choque ! » Rencontrez-vous des obstacles, des difficultés ? Si oui, lesquels ? « Anciennement, nous étions parfois confrontés à des clients qui ne voulaient pas d’intérimaires de couleur ou étrangers, ou des entreprises qui voulaient spécifiquement des hommes et pas de femmes. Mais comme je l’ai dit, cela s’estompe de plus en plus. Nous arrivons à faire comprendre aux clients qu’il faut regarder les compétences du candidat, pas son sexe, sa couleur de peau ou son âge. Il faut toujours chercher le meilleur candidat en fonction du poste à pourvoir. L’expérience leur prouve que notre optique est la bonne et ces demandes discriminatoires ont fondu comme neige au soleil. Je pense à une entreprise en particulier, cliente chez nous depuis 20 ans, qui, à l’époque, avait vraiment un politique d’embauche discriminatoire. Aujourd’hui, cette même société compte trois personnes d’origine étrangère dans son comité de direction. Je pense qu’il y a eu des caps, des actions, qui ont fait réfléchir les entreprises, comme le ‘Manifeste contre la discrimination’ publié en 2007 par la FEB dont j’étais président à l’époque. Ce manifeste mettait notamment à l’honneur des entreprises exemplaires en la matière, comme Colruyt, et les bénéfices qu’elles en tiraient. Montrer des exemples positifs engendre un effet d’entraînement. Avoir dans son personnel des gens qui ne se ressemblent pas mais qui sont complémentaires ne peut être que profitable à la société. Cela crée de la valeur ajoutée pour l’entreprise. Si tout le monde se ressemblait, il y aurait une grande perte de richesse.» Comment votre personnel, en général, s’approprie-t-il vos actions en diversité ? « Je pense que notre personnel est fier de travailler dans une société où la diversité est si importante. Même si signer une charte peut sembler simple de prime abord, ce n’est pas qu’un morceau de papier. Nos employés sont fiers de porter des valeurs positives. Dans nos job centers, si un employé était confronté à la demande discriminatoire d’un client, je 29

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