TOPIC Hendrik Vos (Université de Gand) En attendant le tunnel ferroviaire De nombreuses entreprises et institutions internationales ont un siège bruxellois. Voilà pourquoi tant d’expatriés – et notamment des eurocrates – vivent à Bruxelles. « La proximité de l’aéroport constitue de ce point de vue un atout considérable pour notre capitale », affirme M. Deneef. « D’autant plus que d’ici deux ans, le tunnel ferroviaire Watermael-Schuman-Josaphat devrait être achevé. Il établira une liaison directe et rapide par train entre le Quartier européen et Brussels Airport. La durée du trajet devrait être considérablement raccourcie et ne pas dépasser huit minutes. C’est un atout unique qu’aucune ville d’Europe ne peut offrir. Une fermeture de l’aéroport annihilerait définitivement cette superbe opportunité. » Brussels Airport est essentiel au rayonnement européen et international de la Région bruxelloise, ajoute M. Deneef. Il souligne par ailleurs que Strasbourg, l’autre siège des parlementaires européens, est beaucoup plus difficile d’accès. « Avec tout le respect qu’on lui doit, Strasbourg ne dispose que d’un aéroport de second rang, qui n’est pas desservi par les grandes compagnies aériennes. Alors, supprimer Brussels Airport reviendrait à gâcher définitivement la perspective d’un transfert vers Bruxelles du reste des institutions européennes. » Des eurocrates agacés L’UE n’est pas prête à renier Strasbourg, pense pour sa part Hendrik Vos, professeur de politique européenne à l’Université de Gand. Il admet toutefois que la complexité du système des deux sièges, propre au parlement européen, suscite régulièrement des critiques et que certains ne cachent pas leur agacement face aux difficultés d’accès à Strasbourg. « En revanche, la mobilité à Bruxelles et dans sa périphérie commence aussi à irriter pas mal de monde. Les gens que des réunions appellent régulièrement à Bruxelles se trouvent fréquemment coincés dans les embouteillages. Alors, imaginons la fermeture de Brussels Airport qui ferait de Charleroi l’aéroport le plus proche : le trajet en voiture vers Bruxelles pourrait prendre 2 h 30 en raison des encombrements du trafic. Cela pousserait l’exaspération à son paroxysme. » Le professeur Hendrik Vos ne pense pas que la position de Bruxelles en Europe risque d’être mise en question à brève échéance. « Mais il va de soi que les dirigeants européens préfèrent un aéroport à proximité de Bruxelles. Charleroi serait déjà trop éloigné pour eux. Pensez un instant à la fréquence des visites de hautes personnalités, aux innombrables sommets européens à Bruxelles – ceux de l’Union européenne, bien sûr, mais aussi que tiennent d’autres organisations. Les concertations entre responsables politiques se complètent de multiples réunions de groupes de travail entre fonctionnaires pour analyser en détail la législation et les données chiffrées de l’Europe. De telles négociations de plusieurs jours font débarquer à Brussels Airport une foule de personnes en provenance de diverses villes européennes. Une diminution de l’accessibilité de Bruxelles provoquerait dès lors de très sérieux embarras. » Rodolphe Van Weyenbergh (Brussels Hotels Association). L’impact sur les nuitées Un aéroport accessible est en outre vital pour le tourisme, déclare Rodolphe Van Weyenbergh, Secrétaire général de la Brussels Hotels Association. Ce représentant du secteur hôtelier souligne l’interdépendance de l’hôtellerie et de l’aviation : « L’une ne peut se développer sans l’autre. » Les données récentes le confirment : 34,1 % des visiteurs se rendent en avion à Bruxelles (la moyenne pour les villes flamandes est de 23,2 %). Seule l’auto fait mieux, avec 41 %. Depuis que Vueling a inauguré de nouvelles liaisons et que Ryanair s’est installé à Brussels Airport en février 2014, notamment avec des vols vers l’Espagne, l’Italie et le Portugal, le nombre de nuitées d’Espagnols et d’Italiens a augmenté de 14 % et celui des Portugais de 23 %. Ce qui compte pour le tourisme, davantage que la localisation ou la distance, ce sont surtout de bonnes liaisons, principalement en transport en commun, entre les divers pôles d’activité de Bruxelles et l’aéroport. M. Van Weyenbergh estime que, de ce point de vue, la liaison ferroviaire tant attendue entre Charleroi-Sud et Bruxelles apporterait de nouvelles perspectives. « Cette liaison a un impact direct sur le nombre de voyageurs qui se rendent à Bruxelles, pour les loisirs ou pour affaires. » Une fermeture de Brussels Airport risque de mettre Bruxelles hors-jeu, avec un impact considérable sur l’emploi dans le tourisme. Ce secteur emploie actuellement 35.000 personnes, sans oublier quelque 15.000 emplois indirects. ● BECI - Bruxelles métropole - septembre 2015 41 R.A.
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