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Quel rôle pour le port à Bruxelles ? Bruxelles dispose d’un port de mer, directement relié à celui d’Anvers – un atout économique non négligeable, générateur d’activité et d’emploi. Pour autant, son potentiel est-il exploité de manière optimale ? À l'heure où le redéploiement de la zone du canal retient toute l'attention du gouvernement bruxellois, la question mérite d’être posée. Didier Dekeyser et Emmanuel Robert O n ne peut nier l’intérêt d’une voie navigable et d’un port de mer pour une ville comme Bruxelles. C’est tout à la fois un outil logistique pour les entreprises, une « voie douce » propice au développement durable, un vecteur d’activité et un pourvoyeur d’emplois. Mais le Port est aussi gourmand en espaces, dans une ville en plein boom démographique où la demande est grande : logement, équipements collectifs, entreprises… Plusieurs questions méritent d’être posées : Quel est aujourd’hui l’impact réel du Port pour l’économie bruxelloise et quel est son potentiel de croissance ? Combien d’emplois peut-il offrir et de quelle qualité ? Le Port jouet-il pleinement son rôle de facilitateur de transport par la voie d'eau ? Son activité spécifiquement portuaire peutelle croître sans augmenter nécessairement sa surface d'exploitation ? Voie d’eau, voie douce Le Bureau du Plan prévoit une croissance de 64 % du transport de marchandises en Belgique d’ici 2030. Compte tenu de la congestion du trafic à Bruxelles, la voie d’eau pourrait apporter une partie de la réponse à cette demande, et ce de façon plus écologique que le transport routier. À titre d'exemple, la seule navette hebdomadaire de conteneurs en provenance d'Anvers permet d’éviter, selon les chiffres mêmes du Port, 50.000 trajets de camions. Globalement, toujours selon le Port, le transport par voie d'eau dans la Région nous épargne le passage de 618.000 camions par an et 100.000 tonnes de CO2 . Toutefois, ces chiffres doivent être relativisés : Bruxelles n’est pas forcément la destination finale des marchandises qui y sont transbordées ; une bonne part y arrivent ou en repartent… par camion, en provenance ou à destination d’autres régions. Une situation due en partie à la politique de subsides bruxelloise : en octroyant aux 8 BECI - Bruxelles métropole - juin 2015 affréteurs un subside pour chaque conteneur transbordé sur le territoire de la Région, qu’il soit vide ou plein, en transit ou non, on génère du trafic routier à Bruxelles plutôt que de le réduire. Une étude détaillée de ces flux aurait sans doute de l’intérêt. Par ailleurs, il n’est pas sûr que le trafic fluvial soit appelé à croître : la rupture de charge pèse défavorablement sur ses coûts ; le volume de marchandises transitant par le Port de Bruxelles est d’ailleurs resté stable au cours des dix dernières années. Et pour autant qu’il puisse augmenter, faudra-t-il pour cela investir ? Relever la hauteur des ponts (voir encadré) ? Mobiliser de nouveaux terrains, comme pour la future plateforme « Ro-Ro » (Roll-On, Roll-Off), destinée au transport de voitures d’occasion vers Anvers et qui devrait occuper 2,5 hectares ? En l’occurrence, ce projet doit aussi permettre de réaffecter le quartier Heyvaert et de fixer des emplois à Bruxelles. Quels emplois ? En 2008, date du dernier relevé, le Port revendiquait près de 6.000 emplois directs et plus de 7.000 emplois indirects – des chiffres toutefois remis en cause par l’Observatoire bruxellois de l’Emploi. « Une bonne part des activités localisées au Port de Bruxelles ne sont pas strictement liées à la voie d’eau », commente Jan De Brabanter, Secrétaire Général UEB. « Les chiffres d’emplois directs ou indirects revendiqués par le Port sont basés sur la zone portuaire définie par le PRAS ; mais une bonne part des entreprises implantées dans cette zone pour des raisons historiques ou par effet d’aubaine n’ont, en fait, rien à voir ou très peu avec les activités portuaires. » Au-delà de ces chiffres, la réalité du Port, c’est aujourd’hui celle d’une vaste zone industrielle où se côtoient des activités variées. Certes, on peut se réjouir de voir ces activités implantées à Bruxelles et offrir de l’emploi parfois

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