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Pensez-vous que le citoyen belge soit mal informé sur ce que font ses mandataires ? Si vous voulez acheter une voiture, vous pouvez récolter les impressions de votre voisin. Mais pour être mieux informé, vous avez intérêt à lire le dossier réalisé par une revue spécialisée. C’est ce qui manque à l’électeur. Êtes-vous, par exemple, sensible au thème du service minimum en cas de grève des services publics ? En faites-vous un critère de choix électoral ? Le GPS électoral vous dirige avec précision vers les candidats qui répondent à tel ou tel critère. Et cela, pour 6.000 candidats. Et pas seulement pour les vedettes de la politique qui passent à la télé. Vous éditez un répertoire politique. Que contient-il ? Il reprend tous les parlementaires de cette législature et de la législature précédente actifs au sein des sept assemblées que compte notre pays. Cette législature totalise 484 parlementaires. À cette liste s’ajoute celle de tous les bourgmestres actuels. Nous ajoutons les partis, les interlocuteurs sociaux, de très nombreux candidats des élections… Ce qui regroupe environ 5.000 acteurs politiques. Ce répertoire, en plus de contenir les informations classiques d’un annuaire, reprend des informations qualitatives qui en font un véritable atlas des opinions politiques, assez fouillé et articulé autour de 76 questions. C’est une sorte de base de données que l’on peut interroger ? En tant qu’utilisateur, vous pouvez lancer une recherche sur la base de 27 critères de sélection. Vous voulez connaître les acteurs politiques de la province de Liège qui considèrent que l’enseignement est l’une de leurs priorités, qui sont membres du parlement wallon, qui sont des femmes, qui appartiennent à tel parti ? Interrogez le répertoire, la réponse sort en une seconde. Nous offrons, gratuitement, un accès assez large à ce répertoire et à son contenu qualitatif. Certaines rubriques, comme le CV, les opinions détaillées, sont accessibles via une petite contribution. En période électorale, cet accès est totalement gratuit, de manière à informer au mieux le citoyen électeur. Vous entendez améliorer le fonctionnement de la démocratie. Par quels moyens concrets ? Incontestablement, il existe une fracture entre le citoyen et le monde politique. Une fracture à combler. Si le citoyen ne s’intéresse pas à la politique, la politique, elle, s’intéressera à lui. Ne fût-ce que par l’impôt qu’il devra payer. Le citoyen doit faire l’effort de s’intéresser à la chose publique, mais il doit aussi retrouver la confiance. Or, cette confiance n’est pas possible s’il n’y a pas une pleine transparence. C’est notre contribution. Pour l’instant, à travers le GPS électoral et le répertoire politique. Mais d’autres projets sont en préparation, notamment en matière de transparence financière dans l’utilisation des moyens publics, des revenus issus de l’exercice de mandats publics. Les mandataires ont déjà l’obligation de déposer la liste de leurs mandats publics. Ça ne va pas assez loin ? Justement, parlons-en. Tous les mandataires ne le font pas. Cumuleo produit des statistiques à ce sujet. En pratique, à ma connaissance, les amendes prévues pour sanctionner le non-respect de cette obligation ne sont pas perçues. Pourtant, l’État pourrait percevoir jusqu’à 27 millions d’euros si la loi était appliquée. n John Pitseys (Crisp) : « Une suspicion croissante pour les mécanismes de démocratie représentative » Les NTIC ont-elles contribué à une plus grande exigence de transparence dans la manière de faire de la politique ? Les NTIC contribuent au renforcement de deux sentiments, apparemment contradictoires, mais pourtant complémentaires. D’une part, la perception que l’information politique est plus disponible qu’avant ; d’autre part, que cette information théoriquement disponible reste en partie inaccessible, et peut être cachée. À propos des NTIC, les risques concernant l’émergence d’une société de traçage et de surveillance sont bien connus. Toutefois, ces nouvelles technologies créent aussi de nouvelles exigences de publicité et d’information. Elles permettent aussi aux citoyens de s’organiser, de réagir, de développer des contre-discours. On assiste à l’apparition de nouveaux médias, de nouvelles formes d’association et de nouveaux modes d’action collective. Les NTIC contribuent-elles à l’émergence d’une démocratie davantage participative et directe ? Les mécanismes de la démocratie représentative font l’objet d’une suspicion croissante. Pourquoi ? D’une part parce qu’ils sont considérés comme moins légitimes : le rapport entre le représentant et le représenté est perçu comme étant de plus en plus dilué. D’autre part parce qu’ils sont considérés comme moins efficaces, car bousculés par d’autres formes de pouvoir : d’autres niveaux de pouvoir, en Europe ou dans le monde, mais aussi d’autres formes de pouvoir comme l’entreprise. Dès le moment où la démocratie conçue comme l’élection de représentants est remise en cause, surgissent forcément des réflexions sur la manière de renouveler l’idéal démocratique en inventant de nouvelles formes de participation. Cette aspiration procède donc d’abord d’une forme de discrédit de la démocratie représentative. En d’autres termes, même sans l’émergence des NTIC, elle se serait manifestée. La simplification de la vie du citoyen, grâce aux NTIC, est-elle une réelle préoccupation des partis politiques ? Ce n’est certainement pas leur préoccupation première, ni même secondaire. Tous les partis ont un petit chapitre consacré au numérique ou à la numérisation. Dans leurs programmes, ce sont des niches. Ces points sont par ailleurs évoqués lors des formations de gouvernement, mais dans un contexte de restrictions budgétaires. La numérisation et les NTIC sont avant tout conçues comme des mesures d’économie. Un parti comme l’Open VLD s’est un peu intéressé à ces questions. Les partis écologistes y accordent également un certain intérêt – je pense par exemple à la question des libertés numériques – parfois assorti d’un point de vue critique. 23 - RAPPORT D’ACTIVITÉ 2015 | BECI

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